Tout commence sous les règnes fastueux des Valois et des Bourbons. Pour financer guerres, fêtes et prestige, la monarchie emprunte — beaucoup. Déjà, les recettes fiscales ordinaires ne suffisent plus à couvrir les dépenses de l’État. Les “traitants”, ancêtres des banquiers d’État, avancent l’argent contre promesse d’intérêts usuraires et privilèges fiscaux. Les créanciers deviennent peu à peu des acteurs politiques.
Sous Louis XIV, l’État est presque constamment en faillite virtuelle. Les guerres de Hollande, de Succession d’Espagne, puis la construction de Versailles font exploser les dépenses. Colbert avait rêvé d’une économie productive ; la France devient rentière avant l’heure. Au XVIIIᵉ siècle, la dette atteint des niveaux tels que Louis XVI, conseillé par Necker, tente la transparence et la réforme : publier le Compte rendu au roi, pour convaincre que la dette est soutenable. Illusion. En 1789, la dette absorbe plus de la moitié des recettes royales. La Révolution éclate aussi pour cela : la banqueroute du royaume précède celle de l’Ancien Régime