Qu'est-ce que l'Histoire ?
L'histoire est un immense réservoir des expériences passées de l'humanité. Elle permet d’évaluer évaluer les enjeux importants de notre temps et d’identifier les voies possibles de l’avenir.
L’histoire est une science humaine qui étudie l’évolution de l’humanité depuis plus de deux millénaires. Elle constitue une immense base de connaissances des itinéraires suivis par les générations précédentes.
Elle ne se réduit cependant pas à une accumulation de dates, d’événements ou de récits centrés sur de grands personnages. Elle collecte, trie, analyse d’innombrables matériaux pour restituer le passé de manière aussi précise et objective que possible.
Elle est de ce fait essentielle à la compréhension des dynamiques actuelles qui façonnent les sociétés. S’intéresser à l’histoire permet d’évaluer évaluer les enjeux importants de notre temps et d’identifier les voies possibles de l’avenir. La connaissance de l’Histoire est alors essentielle à la prise de décision éclairée pour orienter nos choix vers un futur souhaitable.
Juifs en partance pour Auschwitz,
(Bundesarchiv, CC-BY-SA 3.0)
Depuis toujours le passé nourrit des légendes ou des récits plus ou moins mythifiés. Toutefois un changement intervient au Ve siècle avant JC, quand Hérodote écrit son chef d’œuvre Historíai, terme grec d’où vient notre mot Histoire, qui signifie enquêtes. L’ouvrage concerne l’empire achéménide et notamment les guerres médiques, les guerres qui opposent les Perses et les Grecs. Hérodote y expose les faits établis, mais surtout leur contexte et leurs causes. Cette approche novatrice vaudra à Hérodote son surnom de père de l’Histoire.
Hoplites au combat
Détail de la frise supérieure de l'Olpé Chigi (célèbre céramique datant du VIIe siècle avant JC)
Les matériaux de l'historien
Si faire de l'histoire c'est raconter un récit, l’historien n’est pas pour autant un romancier. Il s’appuie sur les matériaux à sa disposition. Ces matériaux, les sources de l’historien et ses preuves, sont multiples :
- Documents écrits : lettres, journaux, décrets, lois, actes notariés, registres de naissance, mariage et décès, statistiques...
- Documents visuels : photographies, peintures, gravures, fresques, tapisseries, cartes postales, caricatures, affiches, films d’archive... Les sources iconographiques apportent notamment des informations sur le contexte, la culture et les événements d’une époque.
- Objets divers : outils, vêtements, poteries, bijoux, armes, restes alimentaires...
- Monuments, bâtiments, vestiges archéologiques...
- Discours, témoignages, entretiens, traditions orales (transcrites ou enregistrées) ...
L'historien distingue les sources primaires contemporaines des événements qu’elles décrivent ou représentent des sources secondaires, les documents produits après les événements.
Enfin des informations sur les mentalités et les modes de vie d’une époque se trouvent aussi dans les œuvres littéraires : romans, pièces de théâtre, essais, récits autobiographiques...
L'historien doit évaluer la fiabilité, la partialité, et la pertinence de chaque source. Il hiérarchise et interprète ces matériaux pour restituer le passé de manière aussi précise et objective que possible
lettre de Jeanne d'Arc aux habitants de Reims
(Jean-Pierre Dalbéra CC BY 2.0)
Vérité et histoire
La vérité historique n'est pas absolue. Elle a même un rapport très complexe avec la vérité.
Soucieux d'objectivité, l'historien cherche à montrer la réalité des faits et de leur déroulement. Il s'appuie sur les matériaux dont il dispose, ses preuves documentées, pour reconstruire le passé le plus fidèlement possible.
L'historien ne peut toutefois pas échapper totalement à l’influence de son présent, de la culture dans laquelle il baigne, de ses préjugés. Sa propre perspective dépend de la sélection et de l'interprétation des sources qu’il utilise. Malgré son désir d’objectivité il ne peut échapper à une certaine subjectivité.
L'histoire n'étant pas une simple collection de faits, mais un récit établi à partir de ces faits, les choix narratifs, les omissions et les emphases jouent un rôle crucial dans la construction de ce récit. La manière dont ce récit est alors construit peut influencer la perception de la vérité historique.
Certains documents des archives historiques ne sont pas accessibles au public. Il s'agit de documents portant une classification (restreint, confidentiel, secret, très secret) qui ne peuvent être rendus publics qu'une fois déclassifiés, souvent après de nombreuses années, ou de documents contenant des informations dites sensibles (données personnelles, intérêts commerciaux, …) qui ne peuvent être consultés tant que perdurent les conditions d'application des exceptions à l'ouverture. La mise à disposition au public d'archives déclassifiées (ou l’émergence de nouvelles preuves) peuvent alors mener à revoir les interprétations historiques ou à les nuancer.
A l’inverse, la négation délibérée de faits établis, le négationnisme, altère la vérité historique pour des raisons idéologiques ou politiques. L'écriture de l'Histoire est aussi un produit des rapports de force et des structures sociales.
Mao Zedong, proclame la République populaire de Chine en 1949
Mémoire et histoire, deux notions différentes mais complémentaires.
La mémoire permet de se rappeler des évènements passés. C'est une ressource précieuse pour l’historien. Elle offre l'apport des vécus individuels qui enrichissent et complètent la compréhension du passé. Elle est néanmoins subjective et doit être utilisée avec précaution. Deux personnes n’auront pas le même souvenir d’un même évènement.
La mémoire individuelle se distingue en outre de la mémoire collective, celle de la vision sélective du passé par un groupe ou une nation.
La mémoire qui relève d’un rapport affectif aux évènements est influencée par le milieu culturel, les traditions ou les mythes locaux. Elle peut devenir sélective, partielle voire partiale. La mémoire ou plutôt les mémoires, plurielles et parfois contraires, sont susceptibles de manipulations et d'instrumentalisation.
La mémoire collective d'une communauté ou d'un peuple joue un rôle dans la manière dont les sociétés se rappellent et interprètent le passé. Ainsi quand l'Occident a une vision chevaleresque des croisades, pour les musulmans elles illustrent la barbarie chrétienne du Moyen Âge. De même le souvenir du massacre des arméniens par les Turcs en 1915 est un génocide pour de nombreux pays alors qu'il est nié en Turquie.
La mémoire peut ainsi entrer en conflit avec la vérité historique quand le roman national refuse l'objectivité des historiens. L'objectivité de l'histoire peut encore être biaisée par la nécessité de servir un projet politique comme la reconstruction nationale, à l'issue d'un conflit. Se développe alors une mémoire collective adaptée à la nécessité du moment.
L'histoire, domaine scientifique toujours inachevé, et la mémoire se complètent, à condition de tenir compte de la subjectivité de la mémoire et de sa possible instrumentalisation.
L'histoire a peut être une fin ; notre tâche pourtant n'est pas de la terminer, mais de la créer, à l'image de ce que désormais nous savons vrai.
Albert Camus
Marc Bloch s'interroge sur ce qu'est l’histoire, et plus particulièrement sur le rôle et les méthodes de l’historien dans la construction de cette science.
L'Apologie est souvent vu comme le « testament » historique de Marc Bloch, et a un écho mondial les années qui suivent sa sortie.
Membre de la Résistance durant l'Occupation, Marc Bloich est arrêté, torturé, puis exécuté par la Gestapo le 16 juin 1944.
Marc Bloch (1886 - 1944)
Fragment du texte d'Hérodote,
papyrus d'Oxyrhynque.
La suite de l’histoire
La révolution technologique, qui se déroule sous nos yeux, va bouleverser nos modes de vie et refonder la civilisation humaine. L'ouvrage décrit les bouleversements auxquels la génération actuelle sera confrontée dans les années à venir et durant lesquelles le destin de l’humanité va se jouer. Au-delà d’une synthèse remarquable sur tous les changements en cours dans notre monde actuel, les auteurs incitent à la réflexion. Quelle société sommes-nous en train de construire ? Quel futur ne voudrait-on pas ? Quel avenir serait souhaitable ?
Détail de la "Norme d'Ur" montrant l'usage de la roue il y a environ 2500 ans à Sumer (Mésopotamie)
Historia, allégorie de l'Histoire
peinture de Nikólaos Gýzis.