Chez les peuples celtes d’Europe occidentale, la nuit du 31 octobre au 1^er novembre marquait le passage à la nouvelle année. Le 31 octobre correspondait au dernier jour de la belle saison et des récoltes tandis que le premier novembre voyait le début de l’hiver quand la terre s’endort et se repose afin d’être prête pour l’éclosion nouvelle de la vie au printemps suivant.

Dans la culture celtique, cette nuit symbolisait aussi la transition entre le mode des morts et celui des vivants. Elle était dédiée à Samain, le Prince des ténèbres et le Seigneur du royaume des morts.  Les Celtes attribuaient à cette divinité le pouvoir de guider les âmes de tous ceux qui étaient morts dans l'année afin de leur monter le chemin de la délivrance. Les druides organisaient des assemblées rituelles pour apaiser les esprits et ils allumaient des feux pour les accompagner dans leur cheminement.

Durant cette nuit charnière les morts pouvaient roder et se manifester dans les ténèbres. Les vivants allumaient alors des feux pour que les guides puissent guider les esprits et leur éviter de jeter des mauvais sorts. Ils se grimaient également avec un peu de charbon de bois et de la craie pour prendre des allures de fantômes. Ces rites qui ont longtemps perduré dans les pays anglo-saxons sont aujourd’hui encore à l’origine de la célébration d’Halloween (contraction de l'anglais All Hallows' Eve qui signifie la veille de tous les saints).

Fra Angelico, Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs, 1423-1424.

Toussaint

Avec le christianisme, le premier jour de novembre devient la Toussaint. Cette date du 1^er novembre n’est cependant officialisée qu’au IXe siècle par le pape Grégoire IV qui ordonne que la fête de tous les saints soit célébrée ce jour précis dans toute la chrétienté.
Aujourd’hui ce sont essentiellement les catholiques qui fêtent la Toussaint le 1^er novembre.  Les orthodoxes et les chrétiens d’orient célèbrent aussi tous les saint mais le dimanche suivant la Pentecôte.  Quand aux protestants, qui n’ont pas retenu la tradition des saints, seules quelques églises luthériennes continuent de garder le 1^er novembre comme jour de fête.

Il est intéressant de noter que dans la liturgie catholique, la Toussaint est annoncée avec les vêpres de la veille au soir, pour la nuit du  31 octobre, l’ancienne "nuit de Samain" devenue "nuit des saints".

La Toussaint ne célèbre pas uniquement les saints  reconnus suite à leur canonisation. Ces saints sont certes donnés en modèles mais comme le précise le site du diocèse de Paris " beaucoup d’autres ont également vécu dans la fidélité à l’Evangile et au service de tous". C’est pourquoi, la Toussaint célèbre "tous les saints, connus ou inconnus". Pour les catholiques "tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles". Pour eux, la Toussaint est donc une fête pour les vivants, joyeuse et tournée vers la vie, destinée à les conforter dans leur cheminement moral.

Ce n’est que le lendemain, le 2 novembre, que les catholiques vont officiellement honorer la mémoire des défunts même si, en pratique, beaucoup de gens vont fleurir les tombes de leurs morts dès la Toussaint.

La Toussaint, Jules Bastien-Lepage
Hungarian National Gallery, CC BY-SA 3.0

Jour des morts

Dans la continuité des décisions prises par Grégoire IV fixant la Toussaint au 1er novembre, les moines de l’abbaye de Cluny Cluny instituèrent, en 998, une fête des trépassés le 2 novembre. Cette date du 2 novembre pour le jour des morts n'entrera cependant officiellement dans la liturgie romaine qu'au XIIIe siècle comme commémoration de tous les fidèles défunts.

La fête des morts n’est pas une spécificité chrétienne. Elle existe depuis des millénaires dans de nombreuses cultures à travers le monde. En Chine, elle a lieu au mois d'avril et, comme en Occident, les chinois vont se recueillir sur les tombes de leurs proches et les fleurir Au Népal ou en Inde. lors de la fête de Gai Jatra les familles honorent ceux des leurs qui sont morts dans l'année précédente lors d’une cérémonie plutôt festive avec des décorations colorées de papier ou de tissus autour de portraits des défunts. En Corée, lors de Chuseok, la fête des récoltes, les familles retournent sur la terre de leurs ancêtres et organisent une cérémonie en leur honneur. En Amérique latine, et plus particulièrement au Mexique, le jour des morts est une grande fête populaire qui marque le retour temporaire sur terre des êtres chers décédés.