L’histoire du plus ancien pont de Paris qui fut et reste encore une puissante source d’inspiration pour les artistes.


Le Pont-Neuf, tableau peint par Auguste Renoir en 1872
(National Gallery of Art, Washington D.C.)

Le Pont Neuf est, malgré son nom, le plus ancien pont de Paris. Il enjambe la Seine au niveau la pointe ouest de l'île de la Cité, le cœur historique de la Paris. Avec ses 248 mètres de long, il est aussi, encore aujourd’hui, un des plus grands ponts de la capitale

Le pont Neuf et l'île de la Cité à Paris
(Mbzt, CC BY 3.0 )

La construction du Pont Neuf a commencé en 1578 sous le règne du roi Henri III et s’est achevée sous le règne d'Henri IV en 1607, après une interruption de quelque dix années du fait des troubles liés aux guerres de religion. Il est édifié en pierre de taille plutôt qu’en bois afin de lui conférer une solidité exceptionnelle et lui garantir la longévité nécessaire dans une ville alors en pleine expansion.

Plan de Mérian montrant une vue du pont neuf en 1615.

Comme la plupart des ponts construits à l'époque, le pont Neuf se compose d'une série de courtes arches mais il est le tout premier pont de Paris qui ne supporte aucune habitation mais uniquement des bâtiments érigés sur des « balcons » en demi-cercles au-dessus de chaque pile, où des marchands et artisans tiennent boutique. Le pont dispose aussi de trottoirs, une innovation qui permet aux piétons de circuler sans croiser des cavaliers, des attelages de toutes sortes et sans marcher dans la boue voire pire.

En 1614, quatre ans après l’assassinat d’Henri IV par François Ravaillac, Marie de Médicis fera ériger au milieu du pont une statue équestre pour célébrer le roi qui a permis son achèvement.

statue équestre d'Henri I V sur le pont neuf, vers 1775
Jean-Baptiste Lallemand, Musée Carnavalet (CC BY 3.0)

Le Pont Neuf devient rapidement un lieu à la mode qui attire promeneurs et artistes mais aussi des marchands ambulants, des spectacles de rue et des petits métiers les plus divers comme des tondeurs de chiens ou des loueurs de parasols. En 1702, le pont, possède 22 bâtiments et 20 lanternes assurant l’éclairage.

En 1792, pendant la Révolution française la statue équestre d’Henri IV est enlevée du pont pour être fondue afin d’en faire des canons pour défendre la République en danger. Quelques années plus tard, sous la  Restauration, Louis XVIII la fait remplacer par une nouvelle statue équestre d'Henri IV, réalisée d'après le modèle inspiré de l'original. Cette réplique est inaugurée en 1818.

La physionomie du pont évolue lors de la grande rénovation du XIXe siècle. Les corbeilles sont débarrassées de leurs bâtiments et les commerces qu’ils abritent disparaissent. La dernière boutique ferme en 1857. La modernisation se poursuit au XXe siècle et au début du XXIe siècle la Ville de Paris achève une nouvelle restauration intégrale, avec la dernière arche et ses mascarons, côté rive droite et la voie sur berge pour la circulation automobile.

Aujourd'hui, le Pont Neuf est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en tant que partie des rives de la Seine. Il reste un symbole emblématique de Paris, représentant à la fois l'innovation architecturale et l'évolution historique de la ville.

Le pont Neuf avec ses piles et ses mascarons
(Rog, CC BY-SA 2.0)


Le Pont Neuf lors de la crue de 2018.
(Mbzt, CC BY 4.0 )

Dites-moi que vous vous portez bien, et aussi bien que le Pont-Neuf.

Lettres de l'abbé Galiani (1775)


Pont Neuf et Conciergerie à Paris
(Dclicks Dclacks /Flickr, CC BY-SA 2.0)



Le pont Neuf vu par les artistes

Le pont Neuf  en 1743 par Hyacinthe de La Pegna.

Le pont-Neuf peint en 1832 par Giuseppe Canella,(musée Carnavalet )

Le pont Neuf par Arthur Joseph Meadows en 1897.

Le pont Neuf peint par Camille Pissarro en 1902.


La pompe de la Samaritaine

Au début du XVIIe siècle Henri IV autorise la construction d'une grande pompe à eau au niveau de la deuxième arche du pont Neuf depuis la rive droite, côté aval : la pompe de la Samaritaine, qui donne plus tard son nom au grand magasin de La Samaritaine qui fut construit non loin de là.

Cette pompe, conçue par le l'ingénieur flamand Lintlaër est la première machine élévatrice d'eau construite dans Paris. Elle alimente en eau courante le quartier du Louvre et plus particulièrement le palais du Louvre ainsi que le palais des Tuileries et ses jardins.

Elle doit son nom à un haut-relief en bronze sur la façade, représentant la rencontre entre Jésus et la Samaritaine au puits de Jacob.

La pompe de la Samaritaine en 1742
J.B. ScotinBibliothèque nationale de France

 

La pompe cesse d’être utilisée à la fin du XVIIIe siècle et l'édifice, est finalement détruit en 1813. Il n'en reste rien, sauf une des cloches, transférée à l'église Saint-Eustache.

L'édifice de la pompe sur le pont Neuf (à gauche)
(tableau de Nicolas-Jean-Baptiste Raguenet).