Les États-Unis et le Groenland : Une Convoitise qui ne date pas d’hier

Dès 1867, sous la présidence d’Andrew Johnson, les États-Unis montrent un intérêt pour l’Arctique en général, notamment avec l’acquisition de l’Alaska. William H. Seward, secrétaire d’État, veut aussi acquérir le Groenland... Le projet n'aboutit pas mais l'idée continue de resurgir régulièrement depuis plus d'un siècle et demi.

Qaqortoq, petite ville du Groenland(Marmontel/Flickr, CC BY-SA 2.0)

Le Groenland, deuxième plus grande île du monde, est un  territoire polaire en mutation. Sa superficie est égale à six fois celle du Japon mais, avec seulement 57 000 habitants, sa population est comparable à celle de la petite principauté de Monaco.

Outre des réserves d’hydrocarbures, le Groenland renfermerait 600 000 tonnes d’uranium et, à lui seul, environ un quart des réserves mondiales de terres rares, métaux indispensables pour la fabrication des smartphones et des ordinateurs. Les ressources naturelles de l’île attirent donc de plus en plus d’investisseurs étrangers.

Rattaché à la couronne danoise, le Groenland, peuplé à 90 % d’Inuits, bénéficie d’une très large autonomie. Ce statut lui a déjà permis, en 1985, de décider par référendum de sortir de l’Union européenne à laquelle le Danemark avait adhéré en 1973.
En 2019, le président Trump, lors de son premier mandat, propose de racheter le Groenland aux danois. Ces derniers refusent comme ils s'opposent encore aujourd'hui, en 2025, à ce projet réitérée par  Donald Trump  à peine réélu pour son second mandat.  L’idée n’est pas aussi saugrenue qu’il n’y paraît.

 Les groenlandais  ont par ailleurs déjà créé une structure spécifique chargée de préparer l’indépendance au cours de la présente décennie. Les futurs dirigeants d’un Groenland totalement libéré de la tutelle danoise pourraient alors ne pas exclure une forme d’association avec les Américains. D’autant que les groenlandais ne sont pas nombreux et pas très riches. Les USA, avec ses milliardaires, pourraient très bien offrir un million de dollars à chaque Groenlandais, une fortune pour chacun d’eux mais la somme globale à débourser pour les américains, quelque 50 milliards d'euros ne représente pas grand-chose à leur échelle, à peine 10% de la fortune du seul Elon Musk…

La convoitise des États-Unis pour le Groenland n'est par ailleurs pas nouvelle. Dès 1867, sous la présidence d’Andrew Johnson, les États-Unis montrent un intérêt pour l’Arctique en général, notamment avec l’acquisition de l’Alaska. William H. Seward, secrétaire d’État, considère également l’idée d’acquérir le Groenland et l’Islande, mais rien ne se concrétise.

Durant la Première Guerre mondiale et dans les années qui suivent, le Groenland commence à être vu comme stratégiquement important en raison de sa position dans l’Atlantique Nord. En 1916, le Danemark vend les îles Vierges danoises aux États-Unis, ce qui ouvre des discussions sur d’autres territoires, bien que le Groenland ne soit pas inclus dans cet accord.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Groenland prend une importance stratégique majeure en raison de sa proximité avec l’Europe. Après l’occupation du Danemark par l’Allemagne en 1940, les États-Unis concluent un accord avec les autorités groenlandaises pour établir des bases militaires sur l’île. Cet accord est formalisé par la Déclaration de défense du Groenland en 1941.
En 1946, le président Harry Truman propose officiellement d’acheter le Groenland au Danemark pour 100 millions de dollars. Cette proposition, motivée par des considérations stratégiques dans le contexte de la Guerre froide, est rejetée par le Danemark.

 

Tassiilaq (Groenland)

Projection Mercator alternative de la Terre, le pôle nord étant réglé à 19°20′S 12°30′W.
Poulpy, CC BY-SA 3.0


L'avenir est un miroir sans glace.

Xavier Forneret


Drapeau du Groenland

Bien qu'autonome aujourd'hui, le Groenland reste une dépendance de la couronne danoise. Les couleurs de son drapeau, adopté ln 1985, sont les mêmes que le drapeau danois. Il est composé par un demi-cercle rouge (symbole du soleil) sur fond blanc (symbole de la banquise) et d'un demi-cercle blanc sur fond rouge.

Peuplé à 90 % d’Inuits (Eskimos), le Groenland autonome a  décidé, en 1985,  par référendum de sortir de l’Union européenne à laquelle le Danemark avait adhéré en 1973. A présent le Groenland cherche à se rapprocher de ses voisins d’Amérique. Kim Kielsen, le premier ministre groenlandais, a ainsi initié une coopération avec le Nunavut, autre territoire inuit dont le Canada a consacré l’autonomie en 1999. Durant l’été, Air Greenland propose, deux fois par semaine, des vols directs entre Iqaluit, la capitale du Nunavut, et Nuuk, la capitale du Groenland.

Le centre du monde basculera vers l'arctique

Au courant de ce siècle, la banquise devrait avoir quasiment disparu. Dès 2050, la dislocation progressive de la banquise et le rétrécissement de la surface du pergélisol des terres du grand nord vont bouleverser le panorama arctique.

Les nouvelles routes maritime du nord

Selon deux prospectivistes Canadiens , le centre du monde basculera vers l'Arctique d'ici la fin du siècle. Leur livre,  "L'Apogée" ,publié en français et en anglais, avait déjà prédit , quelques années avant tout le monde, le désir d'annexion du Groenland de Trump. Ce livre étonnant semble aussi prémonitoire de ce qui va se passer au cours de ce 21ème siècle et au-delà.

 Quelle société sommes-nous en train de construire? Quel futur ne voudrait-on pas? Quel avenir serait souhaitable ?  en savoir plus