Les naumachies sont des spectacles de batailles navales organisées par les Romains pour divertir le public. Celle organisée en l'an 46 avant notre ère, pour célébrer ses nombreuses victoires de César, notamment en Égypte contre Ptolémée XIII, marqua l'histoire.
Les naumachies sont des événements coûteux qui nécessitent des moyens logistiques impressionnants : la construction ou le creusement de bassins, la préparation des navires, et la mobilisation de milliers de participants généralement des prisonniers de guerre, des esclaves, ou des condamnés, forcés de se battre jusqu’à la mort. Ces spectacles sanglants sont censés illustrer la puissance et la richesse de l’Empire romain tout en divertissant le peuple.
La naumachie, tableau d'Ulpiano Checa (1894), 125,6 cm × 200,5 cm.
La naumachie organisée par Jules César, en l'an 46 avant notre ère, est l’un des premiers exemples connus de ces batailles navales reconstituées. César entend célébrer ainsi son "quatrième triomphe", marquant ses nombreuses victoires militaires, notamment en Égypte contre Ptolémée XIII. Ce spectacle exceptionnel a surtout pour but d'impressionner la population. Au-delà du divertissement, César veut montrer sa richesse et asseoir son pouvoir en montrant sa capacité à organiser des événements impressionnants. La naumachie symbolise également la domination de Rome sur la mer et les cultures étrangères. Elle donne l’image d'un César maître du monde méditerranéen. Outre cette grandiose naumachie, les festivités incluent des défilés, des banquets et des combats de gladiateurs.
Illustration d'une naumachie
(Gravure de Charpentier, 1782)
Le spectacle nautique se déroula dans un bassin artificiel spécialement creusé sur le Champ de Mars, à Rome. Ce bassin temporaire est rempli d’eau grâce à des canaux reliés au Tibre, témoignant par là même des capacités d’ingénierie romaines.
La bataille simulée met en scène deux flottes adverses, représentant les Phéniciens et les Égyptiens, des ennemis symboliques dans l’imaginaire romain. Les navires utilisés sont équipés pour imiter des trirèmes et des birèmes, les types de vaisseaux utilisés dans les guerres navales antiques.
décor du portique du Temple d'Isis de Pompéi. Musée archéologique de Naples (CC BY 4.0)
Les chiffres exacts concernant les victimes lors de la naumachie de Jules César ne sont pas clairement documentés dans les sources historiques disponibles. Cependant, on sait que lors de ces spectacles sanglants, une grande majorité des participants sont tués. Donc si l’on suppose que quelques centaines à quelques milliers de participants prirent part à la bataille, il est probable que plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’entre eux aient péri devant des spectateurs ravis.
Les pyramides d'Egypte sont les plus anciennes bibliothèques du genre humain.”
Rivarol
Les naumachies célèbres de la Rome antique
Estampe de Delsenbach, 1721, (BnF)
La naumachie d’Auguste
En l'an 2 avant notre ère, pour l’inauguration du Temple de Mars Ultor (Mars le vengeur), Auguste fait construire un bassin monumental près du Tibre où l'on représente la bataille de Salamine. L'aqueduc souterrain Alsietina,assure l'alimentation du bassin. Plus de 3000 esclaves et prisonniers de guerre sont contraints de se battre pour sublimer la puissance maritime de Rome.
La naumachie de Claude
Pour augmenter la surface des terres cultivables autour de Rome, l'empereur Claude lance au début de son règne les travaux d'assèchement du lac Fucino. Les colossaux travaux préparatoires à la vidange du lac durent onze ans. En l'an 52 , tout étant prêt, Claude organise une grande fête avant la mise à sec du lac. vidange du lac. C'est la plus grande naumachie de l'histoire, avec 50 navires de part et d'autre, sur lesquels s'affrontent 19 000 condamnés. Des prétoriens sont positionnés autour du bassin pour empêcher toute évasion des condamnés.
Lac Fucino
(tableau de Jean-Joseph-Xavier Bidauld).
La naumachie de Domitien
En 85, l'empereur Domitien organise une naumachie dans le Colisée de Rome. Cette naumachie d'amphithéâtre, plus modeste que les naumachie en plein champ, nécessite l'inondation de l'arène.