En 1793, la Convention nationale décrète que tous les boulangers seront tenus, sous peine d'incarcération, de faire une seule sorte de pain : « le Pain Égalité ». Ce n'est pas encore la baguette d'aujourd'hui mais la direction est prise.
"Paysanne enfournant son pain" - tableau de Jean-François Millet
Au XVIIIe siècle, le pain est l’aliment de base des français qui en consomment entre un et deux kilos par jour. Les nobles et les bourgeois mangent du pain blanc. Le peuple se contente de pain brun voire de pain noir.
Pendant la révolution, en 1793, un décret de la Convention nationale va changer la donne, au moins pour quelques années. Suivant les préconisations des représentants du peuple en mission, Joseph Fouché et Jean-Marie Collot d’Herbois, les députés décident que : « la richesse et la pauvreté devant également disparaître du régime de l'égalité, il ne sera plus composé un pain de fleur de farine pour le riche et un pain de son pour le pauvre. Tous les boulangers seront tenus, sous peine d'incarcération, de faire une seule sorte de pain : Le Pain Égalité ».
Le pain de l’égalité n’est cependant pas encore la baguette d’aujourd’hui. C’est une sorte de pain de campagne, une miche dont la composition peut varier selon les régions mais dont le blé n’est pas la base principale. Le pain de l’égalité se compose essentiellement de farine de froment à laquelle on ajoute de la farine d’autres céréales ou de la farine de châtaigne, le fruit du châtaignier si commun dans la forêt française de l’époque.
La même année, l’utilisation obligatoire du four du seigneur est supprimée. Ce four, dit banal car il supportait la banalité (un impôt spécifique), devient le four communal et les grandes fermes sont autorisées à avoir leur propre four.
une boulangerie au XVIIIe siècle (scan d'une image de l'Encyclopédie Diderot D'Alembert)
Après la révolution, les boulangers retrouvent une certaine liberté pour la panification et la composition du pain. Toutefois il reste longtemps sous forme de grosses miches que l’on consomme pendant plusieurs jours. Peu à peu les boulangers français vont modifier la forme de ces miches pour des raisons à la fois pratique et économiques. Les boules deviennent carrées ce qui permet d’en mettre davantage dans le four et plus petites pour réduire le temps de cuisson. Les clients, qui préfèrent en général la croute sont ravis car le pain devient plus croustillant. Le fait d’avoir réduit la taille des miches oblige à en acheter tous les jours mais en contre-partie, cela permet de pouvoir manger du pain frais au quotidien.
Ouvriers boulangers au travail, supplément illustré du Petit Journal, 28 avril 1907
(source : gallica.bnf.fr/BnF)
Le métier de boulanger reste par contre très pénible. La fabrication du pain, avec du levain, issu de la fermentation des bactéries présentes dans le blé, reste laborieuse et l’oblige à travailler toute la nuit ou presque. En 1919, ce travail inhumain est sévèrement réglementé avec une loi qui interdit le travail des boulangers avant 4h du matin.
Les artisans boulanger s'adaptent rapidement et modifient leur pratique. La levure se substitue au levain ce qui accélère la fabrication et le pain prend une forme très allongée ce qui permet de réduite à quelque 20 minutes le temps de cuisson. La baguette est née. Elle devient rapidement un symbole de la France
De seule farine tu ne feras pas de pain.
Proverbe russe
La baguette, classée au patrimoine de l'humanité
Composée de farine, d’eau, de sel et de levure, la baguette de pain des français, est inscrite au patrimoine immatériel de l'humanité par l'Unesco, depuis le 30 novembre 2022. C’est d’abord sa forme et son poids qui caractérise la baguette et la différencie d'un autre pain. Une baguette standard est large d'environ 4 à 6 cm, haute d'environ 3 à 5 cm et longue d'environ 65 cm. Elle pèse environ 250 g.
Les apports viennois
Un boulanger viennois, August Zang , ouvre une boulangerie à Paris en 1839. Il utilise une farine autrichienne (« grau ») et vend des pains de forme ovale . Sa boulangerie connaîtra un grand succès et restera un enseigne prisée des Parisiens pendant des décennies. Un peu plus tard lors de l'exposition universelle de 1867, un autre autrichien, Adolf Ignaz Mautner von Markhof , fait connaître la levure compacte et montre ses avantages par rapport au levain. Ces innovations venues d’Autriche seront reprises par certains artisans boulangers et contribueront à la création de la baguette au début du XXe siècle.
L’ancienne boulangerie parisienne de Zang en 1909, avec le nom du fondateur sur la façade.
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