Pierre le Grand considérait que le port de la barbe était un signe rétrograde par rapport aux autres Européens. En 1699, par oukase, il interdit le port de la barbe.


"Forester" par Ivan Kramskoi

Aidé de ses ciseaux ramenés de Hollande, le tsar Pierre le Grand n'hésitait pas à officier lui-même à la cour, aidé de ses bouffons. Il fit même poster des barbiers professionnels aux portes de Moscou pour raser tous les arrivants. Lui-même ne portait plus la barbe depuis son retour d'Europe occidentale, ne gardant qu'une simple moustache. En 1704, devant la fronde que souleva sa décision, il consentit à revenir partiellement sur son interdiction, moyennant paiement d'une taxe annuelle, proportionnelle au rang social, par ceux qui souhaitaient conserver leur barbe : 100 roubles pour les nobles et les hauts fonctionnaires, 60 roubles pour les courtisans et commerçants, 30 roubles pour laquais et cochers, un demi kopeck à l'entrée et à la sortie de chaque ville pour les paysans. Face à l’opposition virulente de l'Église orthodoxe. Pierre dut malgré tout publier un rectificatif, dispensant les religieux de la taxe.
Bien qu’impopulaire, la société russe accepta peu à peu cette contrainte, d’autant que Pierre Ier édita quelques oukases supplémentaires plus dissuasifs. Si un barbu se présentait dans un bureau, le fonctionnaire devait refuser sa requête ou l'obliger à verser 50 roubles supplémentaires et en cas de non solvabilité, faire régler son amende par des travaux utilitaires. Un barbu portant un caftan, long vêtement traditionnel aux larges manches interdit dans le cadre de la politique d'occidentalisation des mœurs, pouvait se voir amener de force aux autorités. Celui qui aidait à son arrestation percevait la moitié du montant de l'amende infligée au contrevenant, tant sur sa barbe que sur sa tenue non réglementaire.

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