Le recours à l'électricité à des fins médicales remonte à l'Antiquité quand Égyptiens, Grecs et Romains utilisaient les poissons électriques pour calmer la douleur...


Dès l'Antiquité les Égyptiens observent que des poissons comme la torpille (un type de raie), le poisson-chat  ou encore les anguilles électriques, sont capables de produire des décharges pour capturer leurs proies ou se défendre des prédateurs. La nature de ces décharges, qui peuvent atteindre plusieurs centaines de volts, n'est pas encore connue mais ils utilisent déjà ces poissons électriques  à des fins thérapeutiques.
Les Grecs reprennent l'usage des commotions provoquées par les poissons électriques pour calmer la douleur et tenter de soigner des maladies. Ainsi Discoride, un médecin grec contemporain du Christ, conseille les décharges de la torpille pour traiter les maux de tête ou l'arthrite.

Saqqarah : nécropole de l'Ancien Empire
(Leopold Blonder)

Chez les Romains, l'effet anesthésiant des décharges de la torpille est aussi bien connu.  Au premier siècle de notre ère,  le médecin officiel de l'Empereur Claude, Scribonius Largus, recommande les décharges de la torpille pour traiter la goutte.  Le mot français torpille (ou torpedo en latin) a d'ailleurs la même étymologie que "torpeur". Plus tard,  Galien, dont l'influence sera grande jusqu'au Moyen-Âge,  explique l'effet bénéfique de la torpille par sa capacité à intensifier le froid dans l'une des quatre humeurs  du corps.

Avec la découverte de l’électricité statique et des courants électriques au XVIIIe siècle, l’intérêt pour l’électrothérapie se développe. L’Italien Luigi Galvani découvre en 1780 que l’électricité peut provoquer des contractions musculaires en expérimentant avec des grenouilles. Cela mène à l’émergence de l’idée que l’électricité peut stimuler les muscles et le système nerveux.

Expérience de Galvani pour utiliser l'électricité atmosphérique pour exciter les nerfs de la grenouille
(De viribus electricitatis in motu musculari commentarius)

Peu après, Alessandro Volta invente la pile voltaïque en 1800, la première source continue d’électricité. Ces découvertes alimentent les recherches sur l’électrothérapie, et des médecins commencent à utiliser des générateurs de courant pour traiter diverses affections, comme la paralysie et la dépression.

Le XIXe siècle marque un tournant avec la construction de machines électriques spécifiques pour l’électrothérapie. Guillaume Duchenne de Boulogne, un neurologue français, est l’un des pionniers de l’utilisation de l’électricité pour traiter des maladies neuromusculaires. En 1855, il publie un traité décrivant l’utilisation de courants électriques pour stimuler les muscles et les nerfs. Son travail jette les bases de l’électrothérapie moderne, et il est souvent considéré comme le père de cette discipline.

Durant la même période, la faradisation (utilisation de courants alternatifs faibles) et la galvanisation (utilisation de courants continus) deviennent des pratiques médicales populaires.

 

Gravure de Wilhelm Van Barneveld datant de 1787, représentant un" bain d'électricité"
(Harberdv, CC BY-SA 4.0)

Avec les progrès dans la compréhension des courants électriques et de leurs effets sur le corps humain, l’électrothérapie continue de se développer. Les premières décennies du XXe siècle voient l’introduction de nouveaux dispositifs, comme les machines à haute fréquence, utilisées pour stimuler la guérison des tissus, traiter la douleur, ou encore améliorer la circulation sanguine.

L’électroconvulsivothérapie (ECT), un traitement utilisé pour certaines formes graves de dépression, est introduite dans les années 1930 par les psychiatres italiens Ugo Cerletti et Lucio Bini.

Avec l’avancée des technologies médicales et la compréhension des mécanismes électriques du corps, les applications de l’électrothérapie se diversifient. Des dispositifs comme les stimulateurs nerveux électriques transcutanés (TENS) sont développés pour soulager la douleur chronique. Cette technique consiste à appliquer de petites impulsions électriques sur la peau afin de bloquer les signaux de douleur.

Les années 1960 et 1970 voient également l’introduction de stimulateurs cardiaques et de dispositifs d’électrostimulation pour traiter des conditions comme l’arythmie cardiaque.

Aujourd’hui l’électrothérapie moderne est un outil reconnu  pour traiter une grande variété de maux, incluant les douleurs chroniques, les troubles neuromusculaires, les blessures sportives et les problèmes de circulation sanguine. Des technologies plus récentes, comme la stimulation électrique fonctionnelle (SEF) pour aider à restaurer la mobilité des personnes paralysées, ou encore la thérapie par électromagnétisme pulsé, continuent d’élargir le champ de cette discipline.


Non seulement l'Angleterre, mais tout Anglais est une île.

Novalis (1772-1801)


Girafe de Rothschild

relevés de bas-reliefs du temple de Dendérah (Égypte)



Électrothérapie pour soigner l'arthrose du genou en 1907

Électrothérapie pour soigner les rhumatismes en 1916

source : " Essentials of Medical Electricity " ouvrage d'Elkin Cumberbatch (1916).


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