La conspiration de Chalais

Henri de Talleyrand-Périgord,
comte de Chalais

 

Le cardinal Richelieu
par Philippe de Champaigne

Jean Louis Mazieres/Flickr - (CC BY-NC-SA 2.0)

En ce début de XVIIe siècle, le cardinal de Richelieu est l'un des personnages les plus puissants de France. Il a acquis une influence considérable auprès du roi Louis XIII.

En 1626, Richelieu persuade Louis XIII de marier Gaston de France (le frère du roi qu’on appelle « Monsieur »)  à Mademoiselle de Montpensier.  Gaston n’est pas d’accord avec ce projet, mais vraiment pas du tout. Il forme un parti de l'« aversion au mariage » avec son précepteur, le maréchal d'Ornano, l’intrigante Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse et plusieurs princes de son entourage. Rapidement l’objectif se précise : assassiner Richelieu dont l'autorité grandissante est de plus en plus mal supporté par de nombreux nobles, qui voient leur influence et leurs privilèges diminuer.
La duchesse se rapproche d’Henri de Talleyrand-Périgord, le comte de Chalais. Le jeune noble est maître de la garde-robe du roi, une coûteuse charge que lui a acheté sa mère. La duchesse l’apprécie depuis qu’il a tué en duel Pontgibault, un de ses ennemis. Le comte de Chalais, bien placé dans l’entourage du pouvoir, lui semble une recrue de choix pour assassiner Richelieu.

Mais ces nobles de cour sont de piètres comploteurs. La conspiration est découverte avant qu'elle ne puisse se réaliser complètement. Des informateurs ont révélé les détails du complot au cardinal de Richelieu, qui agit rapidement.
Chalais est arrêté en septembre 1626 ainsi que quelques grands noms de la noblesse, comme le maréchal d'Ornano ou Alexandre de Vendôme, fils illégitimes d’Henri IV, demi-frère du roi et de Gaston.

Le comte de Chalais est jugé à Nantes, dans le couvent des Cordeliers. Accusé de haute trahison pour avoir conspiré contre le roi et le royaume, il est reconnu coupable et condamné à condamné à être décapité, son cadavre dépecé, sa tête exposée au pont de Sauvetout à la sortie de la ville de Nantes, et ses membres attachés à des potences. Finalement il ne sera que décapité, le 19 août 1626, mais dans des conditions horribles.
Le bourreau est un condamné à mort, gracié pour l'occasion.  Muni d'une épée d'apparat et d'une hache de tonnelier, il ne parvient pas trancher la tête du supplicié. Au vingtième coup de hache, Chalais est encore vivant. Il en faudra 29 pour que la tête de Chalais roule par terre. Jean-Baptiste d'Ornano et Alexandre de Vendôme s’en sortent mieux du fait de leurs origines familiales : ils meurent tous deux en prison, l'un dès septembre 1626, l'autre en février 1629.  Quant à Gaston, qui a livré tous ses complices, il est pardonné et se réconcilie avec son frère. Il accepte d'épouser la richissime Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier que lui impose Richelieu. Il reçoit alors en apanage les duchés d'Orléans et de Chartres, augmentés du comté de Blois. Il en tirera de très importants revenus.

La Conspiration de Chalais a donc tourné court mais  elle va renforcer la détermination du cardinal de Richelieu à maintenir son autorité et à écraser toute opposition. Ses politiques centralisatrices et son désir de renforcer le pouvoir royal vont préparer l’arrivée de la monarchie absolue.

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