La Saint Barthélémy : l’événement le plus sanglant des guerres de religion

Le Massacre de la Saint-Barthélemy, peinture de François Dubois (musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne).

Charles IX et Catherine de Médicis
publiant la paix de Saint-Germain.

(manuscrit Carmen de tristibus Galliae, 1577,
Bibliothèque municipale de Lyon)

Henri III de Navarre et Marguerite de Valois, Miniature du livre d'heures de Catherine de Médicis (Bibliothèque nationale de France).

 

 

Charles IX et Catherine de Médicis auprès de Coligny, après l'attentat du 22 août 1572, (huile sur toile de G. W.  de Volkhart, Musée d'Art d'Hämeenlinna en Finlande

 

Assassinat de Briou, gouverneur du Prince de Conti, 24 août 1572,  par Joseph Nicolas Robert-Fleury,e (Paris, musée du Louvre).

Charles IX revendique le massacre le 26 août 1572. Fresque de Giorgio Vasari,

Contexte

En 1570, l’édit de paix de Saint-Germain-en-Laye met fin à la troisième guerre de religion. La liberté de conscience est accordée aux protestants dans tout le royaume. Par contre les protestants n’obtiennent la liberté de pratiquer leur culte que dans les villes et villages où ils sont déjà nombreux à le faire. L’édit permet aussi aux protestants d’accéder à des fonctions publiques et leur garantit, pour deux ans, quatre places fortes de sûreté : La Rochelle, Cognac, Montauban et La Charité.

Si l’édit de Saint-Germain-en-Laye permet de rétablir l’ordre public, la paix reste fragile. Les tensions religieuses subsistent et les catholiques les plus intransigeants n’acceptent pas les concessions faites aux protestants.

En 1571, l’amiral de Coligny, un des chefs protestants, a la possibilité de revenir à la Cour de France. Il devient rapidement un conseiller écouté du roi Charles IX au grand dam des catholiques les plus radicaux regroupés autour de la famille de Guise qui voient fort mal l’influence grandissante des protestants.

Catherine de Médicis, la mère de Henri III, tente d’apaiser les esprits et annonce le mariage de sa fille Marguerite de Valois (Margot), sœur du roi, avec Henri de Navarre, le futur Henri IV, alors chef des protestants. Ce mariage, qui doit symboliser la réconciliation entre les deux factions religieuses, suscite la méfiance et l'opposition des ultra-catholiques. Le très catholique  roi d'Espagne, Philippe II, condamne vigoureusement le projet et le pape Grégoire XIII, lui aussi très opposé à cette union, exige la conversion du fiancé.

Le mariage est célébré malgré tout le 18 août 1572 à Paris. De nombreux représentants de la noblesse protestante sont venus escorter leur prince dans la capitale. L’étalage du luxe et les fêtes qui ont lieu à cette occasion choquent les parisiens, majoritairement catholiques et qui font face à la hausse des prix des denrées alimentaires consécutive à de mauvaises récoltes. Ce contraste, entre aisance d’un côté et misère de l’autre, renforce la haine du peuple de Paris envers les huguenots. D’autant que la famille des Guise qui mène le clan catholique, encourage les troubles à Paris dont le gouverneur n’est autre qu’un membre d’une famille rivale, François de Montmorency.

Attentat contre l'amiral de Gaspard Coligny

Le 22 août 1572, l’amiral de Coligny est victime d’un attentat en sortant du Louvre. Il en réchappe mais il est grièvement blessé à une main et au bras. Pour beaucoup les Guise sont les instigateurs de cet attentat mais d’autres suspects sont possible : un tireur à la solde du roi d’Espagne qui soupçonne Coligny de vouloir intervenir aux Pays-Bas, alors territoire espagnol, Catherine de Médicis qui s’inquièterait de la trop grande influence du conseiller protestant sur son fils, un ultra-catholique isolé, etc..
Les protestants, révoltés, demandent que la lumière soit faite pour trouver et punir les coupables. Pour les apaiser, Charles IX vient avec sa cour au chevet du blessé et s’engage à ce que justice soit faite. Cette initiative ne calme personne. Les catholiques estiment que le roi est trop favorable aux huguenots et les protestants réclament vengeance avec encore plus de force.

 

Le massacre dans la nuit du 23 au 24 août 1572

Catherine de Médicis demande au roi de réunir les proches conseillers pour décider de la conduite à tenir face au risque de guerre civile. Elle est d’une autre trempe que son fils Charles IX, très influençable, qui n’a que 22 ans. La décision est prise de se ranger clairement du coté catholique, de sacrifier Coligny et d’éliminer les principaux chefs protestants. Seuls les princes du sang, Condé et Navarre, le jeune marié, devront être épargnés.
La mission est confiée aux gardes du palais et aux sbires du duc de Guise. Ceux-ci s’empressent d’aller achever l’amiral Coligny dans son lit et de le défenestrer. Son cadavre sera un peu plus tard retrouvé par la foule, émasculé puis jeté dans la Seine où il pourrira trois jours avant d’être pendu par les pieds au gibet de Montfaucon.
Quant aux nobles protestants logés au Louvre, ils sont amenés hors du palais puis massacrés à leur tour et jetés dans la Seine. D’autres gentilshommes protestants, hébergés dans divers hôtels particuliers de la ville, seront également pourchassés. Les parisiens sont réveillés dans la nuit par les églises de Paris qui se mettent à sonner le tocsin. Croyant à une attaque huguenote, les parisiens se mettent à traquer les protestants pour les tuer.
Au matin du 24 août 1572, le roi prend conscience de ce qui se passe et ordonne l’arrêt du massacre. En vain, il est dépassé par les événements. Des catholiques exaltés dont il est difficile d'évaluer le nombre, vont se livrer pendant plusieurs jours au massacre généralisé de tous les protestants qu’ils trouvent, sans considération ni d'âge ni de sexe.
Le 26 août, le roi tient un "lit de justice", une séance solennelle du parlement, pour se justifier. Il assume la responsabilité de l'assassinat des chefs protestants pour, assure-t-il, contrer un complot ourdi par l’amiral Coligny et ses complices, contre lui et la maison royale.

La nouvelles des événements de Paris se répand dans tout le pays et, encouragés par des agitateurs, des dizaines de villes déclenchent leurs propres massacres : Orléans, Meaux, La Charité-sur-Loire, Bourges, Saumur, Angers, Troyes, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Albi , Valence, Orange, etc.

Un matin devant la porte du Louvre, huile sur toile d'Édouard Debat-Ponsan,
 (musée d'art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand)

Bilan et réactions

A Paris, le nombre de morts est estimé à 3 000 . Dans toute la France, le nombre des victimes se situerait au total entre 10.000 et a 30 000 selon les sources.

Le pape Grégoire XIII fait chanter un Te Deum en remerciement à Dieu. Philippe II d’Espagne fait lui aussi part de sa satisfaction et salue cette "divine punition". Par contre, en Suisse, les Genevois manifestent leur consternation. Élisabeth Ire d'Angleterre prend momentanément le deuil et l’empereur Maximilien fait savoir que, pour lui, « régler les querelles religieuses par l'épée ou par la force n'est ni possible, ni moralement justifiable".

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