Le livret d’ouvrier fait son apparition en France en 1781, sous l'ancien régime. Ce document indique les appréciations de ses maîtres successifs. Le livret est obligatoire. Tout ouvrier qui voyage sans être muni d’un livret peut être arrêté et puni . I l ne sera supprimé qu'en 1890.
L'atelier de serrurerie, peinture de Louis Malaval (musée d'Allard à Montbrison)
Le livret d’ouvrier fait sa première apparition en France en 1781, sous la pression des corporations et de la police. Ce livret identifie l’ouvrier : nom, prénom, date et lieu de naissance, profession, etc. et le nom du maître chez lequel il travaille.
L’ouvrier est tenu de faire viser son dernier « congé », selon les villes par un commissaire de police ou par la mairie. Il doit aussi indiquer le lieu où il propose de se rendre. C’est donc une mesure de police, un moyen de contrôler les déplacements, d’imposer la discipline et de lutter contre le vagabondage. Tout ouvrier qui voyage sans être muni d’un livret ainsi visé est réputé vagabond, et peut être arrêté et puni comme tel.
A l’époque, le livret est obligatoire et doit être présenté à chaque fois qu’un travailleur cherche un emploi et lors de tout changement d’employeur. Outre les informations de base concernant la personne, le livret mentionne les motifs si le travailleur est congédié (licencié) et il peut aussi recevoir les éventuelles appréciations de l’employeur. Il est donc aussi un outil attestant de la qualité et des compétences des ouvriers.
Le livret d’ouvrier est supprimé sous la Révolution mais il est rapidement rétabli en 1803 par le Premier consul Bonaparte et Chaptal, le ministre de l’intérieur, afin de « domestiquer le nomadisme des ouvriers. » Il s’agit surtout de protéger les patrons et l’industrie naissante face à des ouvriers turbulents susceptibles de provoquer des rébellions.
Le livret comporte d’ailleurs aussi un rappel de l’interdiction des coalitions des ouvriers. Le patron garde le livret pendant tout le temps où l’ouvrier travaille chez lui. L’ouvrier ne peut donc pas partir quand il le souhaite. A partir de 1854, les conditions s’assouplissent et le livret est laissé aux mains de l’ouvrier (loi du 22 juin 1854).
Le délit de coalition est aboli le 25 mai 1864 par la loi Ollivier et, avec l’industrialisation du pays, le livret d’ouvrier tombe peu à peu en désuétude. Il finit par être supprimé par la loi du 2 juillet 1890. Après cette date, des formes de livrets ou registre ont toutefois subsisté pendant quelques années pour certains emplois (entre autres : tissage à domicile, enfants et filles mineures, étrangers).
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