Après le vote des lois scolaires dites lois Jules Ferry, l'école est une priorité de la Troisième République et les instituteurs deviernnent les fers de lance pour combattre l'ignorance.


Après la défaite de Napoléon III à Sedan et l’effondrement de l’Empire, Jules Simon, éphémère ministre de l'instruction publique du gouvernement provisoire de la République, disait: "le peuple qui a les meilleures écoles est le premier peuple, s’il ne l’est pas aujourd’hui, il le sera demain". C'est ainsi, qu'après les lois de Jules Ferry, les instituteurs devinrent les fers de lance de la revanche et du combat contre l’ignorance. Ils furent par la suite appelés les "hussards noirs de la République". Cette métaphore trouve son origine dans un essai de Charles Péguy, "L’Argent", où évoquant les années passées à l’école primaire, Péguy parle de ses instituteurs comme des jeunes maîtres « beaux comme des hussards noirs ». Cette expression faisait référence à l’élégance des cavaliers du Cadre noir de Saumur mais aussi l’escadron de cavaliers d’élite créé en 1793 pour défendre la jeune République née de la Révolution.

Classe de l'école de garçon d'Orbigny, en 1909
( Archives départementales de la Drôme).

L' école de Buigny les Gamaches, 1906
(Musée National de l’Éducation)

Charles Péguy en classe de philosophie au lycée d’Orléans en 1890-1891 (assis à droite).

Charles Péguy en classe de philosophie au lycée d’Orléans en 1890-1891 (assis à droite).

"La tâche noire", tableau d'Albert Bettannier
(La tache sur la carte représente l'Alsace et la Lorraine perdues lors de la guerre franco-allemande de 1870-1871)


Les maîtres d'école sont des jardiniers en intelligences humaines.”

Victor Hugo


Charles Péguy

Charles Péguy en 1880

Charles Péguy en 1880
(par Jean-Pierre Laurens)

Charles Péguy naît en 1873, à Orléans. Son père, menuisier, meurt la même année. Il est donc élevé par sa mère, modeste rempailleuse de chaises. De cette jeunesse pauvre, Charles Péguy gardera un profond respect de sa mère et ce peuple qui travaille autour d'elle "exactement du même esprit et du même cœur, et de la même main, que ce même peuple avait taillé ses cathédrales".
Brillant élève de l’école primaire gérée par l'École normale d'instituteurs d'Orléans, il obtient une bourse pour poursuivre ses études au lycée  où il obtiendra son bac en 1891avant d’intégrer en l'École normale supérieure en 1894 où enseignent alors Romain Rolland et Henri Bergson.
Devenu socialiste libertaire, Péguy reste pétri de valeurs chrétiennes et rêve d'une société d'amour et d'égalité entre les hommes. Quand l’affaire Dreyfus éclate, c'est donc sans surprise qu'il se range d'emblée du côté des dreyfusards.
C’est aussi à cette époque, qu'il abandonne la voie universitaire et devient écrivain. Il fonde une librairie près de la Sorbonne qui sert de quartier général au mouvement dreyfusiste.
Après la grâce de Dreyfus en 1899, sa librairie est désertée. Il quitte ses associés de l’époque, Lucien Herr et Léon Blum, pour fonder les Cahiers de la Quinzaine, revue destinée à publier ses propres œuvres et à faire découvrir de nouveaux talents comme Romain Rolland, Georges Sorel, Daniel Halévy et bien d’autres.
Outre ses romans et ses poèmes, Péguy publie des essais où il prend position sur des sujets politiques et sociétaux. Il sera un farouche défenseur de la cause arménienne, lors des premiers massacres d’Adana en 1909, prélude du génocide à venir.
Plusieurs drames familiaux l’amènent à retrouver une foi chrétienne et, sur le plan politique, il prend ses distances avec la gauche coupable, à ses yeux, de trahir ses idéaux de justice et de vérité. Il dénonce un monde moderne "qui tourne le dos aux humbles vertus du travail patient de l'artisan ou du paysan".
Après avoir longtemps soutenu Jaurès, Péguy va  s’opposer à son pacifisme et aux visions du parti socialiste "entièrement composé de bourgeois intellectuels... qui ont inventé le sabotage, la désertion du travail, la désertion de l'outil… et la désertion militaire".  Il rejoint les nationalistes qui jugent inévitable une nouvelle guerre contre l’Allemagne.
Lieutenant de réserve, il part en campagne dès la mobilisation en août 1914. Il meurt 5 septembre 1914 lors des premiers affrontements qui marquent le commencement de la première bataille de la Marne.



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