Au début du XXe siècle, des centaines de milliers de chevaux travaillent au fond des mines. Beaucoup y passent toute leur vie et meurent au fond des galeries. En France, le Front populaire accorde les congés payés aux travailleur et deux semaines de pâturage au grand air aux chevaux des mines l


Jusqu’au début du XVIIIe siècle, les animaux n’étaient pas utilisés au fond des mines. Seuls les êtres humains y travaillaient. Des enfants de moins de huit ans, pouvaient même être employés  pour des tâches  vitales,vcomme par exemple l’activation, dans le noir, des panneaux de ventilation nécessaires à la circulation d’air frais dans les boyaux des mines.

Au XVIIIe siècle, avec l’élévation des normes sociales, le travail des femmes et des enfants commence à être réglementé dans les pays européens. Pour compenser cette part de main d’œuvre qui disparait, les chevaux sont appelés à travailler dans les mines. En Angleterre, les premiers chevaux descendent dans les galeries vers 1750. En France, c’est en 1821 que le premier cheval est introduit dans un puits de mine, à Rive de Gier, dans le bassin minier de Saint-Étienne. L’utilisation des chevaux à grande échelle n’intervient cependant qu’au milieu du XIXe siècle avec la Révolution industrielle et l’interdiction du travail des femmes et des enfants dans les principaux pays développés de l’époque : Grande-Bretagne, France, Belgique, Allemagne, Pologne, États-Unis.

Cheval dans une mine de New Aberdeen (Nouvelle-Écosse, Canada)

John F. Mailer. Canada. National Film Board of Canada. Library and Archives Canada (CC BY 2.0

 

Les chevaux sont alors sélectionnés selon leur morphologie pour être adaptés aux diverses conditions de travail : hauteur des galeries, charges à tirer, etc. En France les chevaux de trait, quelle que soit leur race, mais, petits et trapus, étaient particulièrement appréciés pour leur robustesse. En Grande-Bretagne, le Shire, une race de cheval de trait à la carrure imposante, est utilisé pour tirer les lourds convois de wagonnets chargés de charbon. Les britanniques ont aussi énormément recours au poney,comme le Shetland,bien adapté aux petites galeries. Les animaux travaillent en général autour de 200 mètres de profondeur mais  certains vont parfois jusqu’à plus de 1000 mètres pour les mines les plus profondes.

Mineurs britannique en 1913
(The National Archives image library)

Dans les premiers temps la descente des animaux au fond des mine est laborieuse car il faut faire glisser les chevaux dans le puits en position verticale, à l’aide de sangles et de courroies. Ils sont de ce fait rarement remontés des profondeurs des galeries. Il faut attendre les années 1930, et l’apparition des cages-ascenseurs, pour que les chevaux puissent être ramenés en surface plus souvent.
Les niveaux d’effort demandés aux chevaux sont très variables selon le contexte mais on estime que la plupart travaillent jusqu’à 16 heures par jour et tirent régulièrement des trains de 7 wagons, chargés de 4 tonnes de charbon chacun.

Les  mineurs font de leur mieux pour adoucir les conditions de vie de leurs compagnons équidés. Ils gardent propres les écuries aménagées au fonds des mines et leur apportent chaque jour du fourrage frais. Ils veillent à la qualité de leur nourriture, à base d’avoine, de son ou de maïs, enrichie de mélasse et de betterave.
Au début du XXe siècle, environ 10.000 chevaux travaillent dans les mines en France, 70.000 au Royaume -Uni et bien davantage à l’échelle mondiale.
Si un tiers d’entre eux meurent au fond des mines, quelques-uns parviennent à vivre une vingtaine d’années voire davantage…. Avant d’être généralement vendu aux boucheries chevalines.
En 1936, avec l’avènement du Front populaire, les Congés payés sont accordés aux travailleurs. A cette occasion, les chevaux des mines sont associés au progrès social. Ils bénéficient eux aussi de congés payés : deux semaines de pâture à l’air libre.
Après la seconde guerre mondiale, la locomotive électrique remplace les chevaux un peu partout dans le monde. En France le dernier cheval est remonté des galeries en 1969. En Grande-Bretagne, Robbie , le dernier poney de mines , est mis à la retraite en 1999, à Pant y Gasseg, près de Pontypool au Pays de Galles.

 

Robbie, le dernier cheval des mines du Pays de Galles, mis à la retraite en 1999.
Photo :  Big Pit National Coal Museum, Blaenafon (Wales).

Le respect du cheval, c’est la fondation de la liberté.


Alexis Gruss


Charles Péguy en 1880
(par Jean-Pierre Laurens)

Mineur gallois et son cheval
(Big Pit National Coal Museum, Blaenafon - Wales).



Cheval de mine en Pologne
(Muzeum Żup Krakowskich Wieliczka)

étable au fond d'une mine
(dessin d'Albert Sidney Bolles)

Le Shire, grand cheval de trait au Royaume-Uni