Privilège seigneurial sous l'Ancien régime, le four communal devient un symbole de partage et de convivialité dans de nombreux villages.


Le four banal sous l’Ancien Régime

Pendant l’Ancien Régime, le four banal désigne un four à pain appartenant au seigneur qui a le monopole de la cuisson du pain : les habitants sur les domaines de la seigneurie sont dans l’obligation d’utiliser ce four pour y faire cuire leur pain. En contrepartie, le seigneur doit entretenir le four et le chemin pour y accéder. Pour utiliser ce four, les villageois payent une redevance, appelée “le ban”. Il leur est interdit de cuire leur pain ailleurs. Cela fait partie des droits seigneuriaux, similaires à ceux concernant les moulins ou les pressoirs, et constitue une source de revenus importante pour le seigneur.

Dans les campagnes le four banal est généralement affermé à un fournier, une personne responsable du four pour gérer la chauffe et les cuissons pour les habitants qui viennent y faire cuire leur pain à tour de rôle pour une semaine ou deux. Dans les villes le four est confié à un boulanger.

Cuisson du pain  (détail du Missel romain, enluminure attribuée à Jean Colombe, XVe siècle)
( Bibliothèque municipale de Lyon)

La Révolution française et la fin des banalités

La Révolution française de 1789 a marqué la fin des privilèges féodaux, y compris le système des banalités. La loi du 4 août 1789 a aboli les droits seigneuriaux, libérant les habitants des obligations envers les fours banaux. Dès lors, la propriété des fours a évolué : certains ont été vendus, d’autres sont passés aux communes, et quelques-uns ont été abandonnés. Ce changement a redéfini le rôle de ces équipements dans la vie villageoise.

L’émergence des fours communaux

Au XIXe siècle et début XXe, les fours collectifs se développent pour répondre à un besoin commun de cuisson du pain ou d'autres plats, dans un cadre bien différent. Désormais, la gestion de ces fours n’est plus seigneuriale, mais communale. Ils sont, pour la plupart, entretenus par la municipalité. et leur usage est soit gratuit, soit soumis à une contribution symbolique ou minime. Le four communal devient alors un lieu de convivialité où les habitants viennent non seulement cuire leur pain, mais aussi échanger et renforcer le lien social.

Le four communal de la Cresse (Aveyron)
Pierre Bona, CC BY-SA 3.0

De nos jours,  dans de nombreux villages, les fours communaux sont restaurés et employés pour des événements festifs ou culturels. Des fêtes du pain, qui s'inscrivent dans l'histoire et le patrimoine local ,font revivre des valeurs centrées sur le partage.

Mon cœur est saturé de plaisir quand j’ai du pain et de l’eau.”

Épicure


Le versement de taxes à un seigneur
(illustration des Traités théologiques,
par le Maître d'Anne de Bretagne, vers 1490, 
BnF).



Four banal en Drôme provençale
(Marianne Casamance, CC BY-SA 4.0)