Verdun fut l'une des plus sanglantes batailles de la Première Guerre mondiale avec plus de 700.000 morts ou blessés. Verdun est devenu un symbole de l’horreur et de l’absurdité de la guerre.
Ossuaire de Douaumont (photo de Sylvain Carles)
En 1914, lorsque la guerre éclate, elle oppose, d’une part, la France, le Royaume-Uni et l'Empire russe regroupés au sein de la Triple-Entente et, d’autre part, l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et l'Italie qui forment la Triple-Alliance.
En 1915, l’Italie quitte la Triple Alliance. Elle finira par rejoindre la France et l’Angleterre.
L’Allemagne se retrouve ainsi à supporter le poids principal de la guerre dans le camp des Empires centraux. En 1916, l’Allemagne souhaite donc en finir au plus vite avec cette guerre qui lui coûte tant.
Le haut-état major allemand estime qu’une attaque sur le front Est serait risqué face aux forces tsaristes du général Broussilov. Par contre, à l’ouest, les Français lui paraissent le maillon faible de l’Entente. Le général von Falkenhayn, chef de l'état-major impérial, décide donc d’attaquer les Français en premier, pour les mettre hors combat et mieux affronter les britanniques par la suite sur le front occidental.
Soldat allemand en position de tireur avec à coté le cadavre gisant d'un soldat français
(image : imperial War Museum)
Le choix de Verdun n’est pas un hasard. Depuis la défaite de 1871, une bonne part de la Lorraine est allemande et Verdun n’est plus qu’à quelques dizaines de kilomètres de la frontière. Il leur est facile d’acheminer des hommes et du matériel de guerre contrairement au côté français qui n’est relié à Verdun que par une voie de chemin de fer mal entretenue. Par ailleurs Verdun se trouve au fond d’une vallée entourée de collines dont certaines sont déjà aux mains des Allemands, des positions idéales pour l’artillerie allemande. Le général von Falkenhayn espère ainsi « saigner à blanc l'armée française » sous un déluge d'obus comme il le rapporte dans ses mémoires.
Le 21 février 1916, à 4 h du matin, un premier obus de 380 mm explose dans la cour du palais épiscopal de Verdun. Ce n'est qu'un tir de réglage, la bataille de Verdun ne commence véritablement qu’à 7h15 avec le lancement d’un premier obus de 420 mm. Pendant presque dix heures, 1225 pièces d'artillerie de tous calibres vont pilonner les positions françaises. Au total, ce seront 80.000 obus qui seront tirés et feront des dégâts considérables. À 16 h 45, l'ordre est donné à l’infanterie allemande de passer à l'attaque. Les allemands pensent trouver une armée française exsangue et totalement désorganisée. Ils vont devoir progresser dans un champ de bataille qu’ils ont eux-mêmes dévasté avec un sol qui n’est déjà plus qu’un bourbier avec de profonds cratères d’obus remplis d’eau. De plus, les survivants français sont toujours là et opposent une résistance acharnée. Même quand leurs officiers ont été tués, les soldats français continuent de se battre. Une mitrailleuse bien placée peut bloquer une colonne entière d'ennemis.
L’artillerie allemande reprend son pilonnage. Les massifs forestiers disparaissent, remplacés par un décor lunaire. Deux millions d’obus — un obus lourd toutes les trois secondes — tombent sur les positions françaises en deux jours. Malgré leur courage, les français perdent encore beaucoup d’hommes et ils ne peuvent empêcher les Allemands de s’emparer du fort de Douaumont, le 25 février au soir.
Les Allemands n’iront pas plus loin car le terrain est devenu totalement impraticable et la résistance inattendue des français semble insurmontable. L’offensive allemande est finalement un échec. Les allemands doivent adopter une stratégie défensive sur la rive droite de la Meuse, à seulement 5 km de la ville de Verdun
Les héros de Verdun dans les tranchées les plus avancées
(image : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France )
Le 26 février, le général Pétain qui vient d’être est nommé commandant du secteur de Verdun. installe son Quartier général dans la mairie de Souilly tout près du champ de bataille. Il réorganise les forces armées et met en place une logistique très efficace pour servir le front, le long d’une route qui sera nommé la Voie Sacrée et où circuleront 4 000 camions, 2 000 voitures, 800 ambulances et 200 autobus.
La "voie sacrée" permet le ravitaillement des troupes françaises
(image : Library of Congress)
Parallèlement Pétain modifie la dynamique du front pour une bataille qui s’annonce logue. Il organise la rotation rapide des troupes. Les soldats ne passent ainsi que quelques jours en première ligne, avant de repasser en seconde ligne puis à l’arrière pour reprendre des forces, avant de remonter au front ou d’être envoyés combattre ailleurs dans des endroits moins exposés. Il n'en est pas de même du côté allemand où les soldats restent en première ligne, les renforts ne venant que remplacer les morts et les blessés. Cette rotation va ancrer Verdun dans la mémoire collective des français car les trois quarts des soldats français vont à un moment ou à un autre passer par Verdun. Du côté français, le moral remonte et le prestige de Pétain est immense car il ménage ses hommes. A l’inverse, le moral des soldats allemands décline au fur et à mesure que la bataille s’éternise et que les survivants doivent se terrer dans les tranchées ou se réfugier dans les trous d'obus.
En juin, les Allemands tentent malgré tout quelques sorties et parviennent à prendre le fort de Vaux. Ils lancent aussi des attaques meurtrières à Verdun en utilisant des armes chimiques (obus au phosgène). Les Français résistent toujours .
Ce même mois de juin, le général russe Broussilov lance une offensive à l’Est qui oblige les Allemands à dégarnir un peu le front Ouest pour envoyer du renfort à l’Est. La même chose se reproduit en juillet quand les Britanniques lancent leur offensive sur la Somme. L’ouverture de ces nouveaux fronts modifie le rapport de force dans la bataille de Verdun.
Falkenhayn en échec à Verdun, est contraint à la démission le 26 août.
Les Français reprennent le fort de Douaumont le 24 octobre, puis le fort de Vaux le 3 novembre. Les Allemands doivent encore reculer. Les Français, avec un dernier assaut, du 15 au 18 décembre, récupèrent le terrain perdu depuis février. C’est la fin de la grande bataille de Verdun. Elle a fait plus de 300.000 morts et plus de 400.000 blessés ou invalides à vie pour un gain territorial nul de part et d’autre. Un retour au « statu quo ante » qui ne peut qu’illustrer l’absurdité de la guerre.
Défense anti-aérienne française
(autochrome d'époque de Jules Gervais-Courtellemont
L'horreur de la guerre
Hôpital à Verdun
(image : gallica.bnf.fr / BnF )
soldat aveugle apprenant l'écriture Braille
(image : agence Meurisse - gallica.bnf.fr / BnF )
La bataille de Verdun est un concentré des horreurs de la Grande Guerre : des morts par centaines de milliers, des blessés dont certains resteront mutilés à vie, des paysages dévastés avec des trous d’obus encore visibles aujourd’hui, des mines qui ont rendus les terrains inexploitables pendant des décennies.
Soldats français sur la cote 304
Les trois quarts des soldats français ont connu à un moment ou à un autre l’enfer de Verdun, les cris d’agonie des mourants et les appels au secours des blessés, la boue, les tranchées, les gaz toxiques, les lance-flamme, etc.
Soldat français
(image : gallica.bnf.fr / BnF )
Soldat allemand
(Bundesarchiv)
soldats français montant en première ligne
(image : Library of Congress)
évacuation de cadavre allemand
(image : agence Rol - gallica.bnf.fr / BnF )
Verdun en ruine
(image : gallica.bnf.fr / BnF )
soldats français montant en première ligne
soidats allemands passant à l'attaque
Ajouter un commentaire
Commentaires