En quelques décennies, ce savant qui n’était pas médecin a révolutionné les pratiques médicales

 

𝘓𝘰𝘶𝘪𝘴 𝘗𝘢𝘴𝘵𝘦𝘶𝘳 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘴𝘰𝘯 𝘭𝘢𝘣𝘰𝘳𝘢𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦
(𝘩𝘶𝘪𝘭𝘦 𝘴𝘶𝘳 𝘵𝘰𝘪𝘭𝘦 𝘥’𝘈𝘭𝘣𝘦𝘳𝘵 𝘌𝘥𝘦𝘭𝘧𝘦𝘭𝘵, 1885 (𝘔𝘶𝘴𝘦́𝘦 𝘥’𝘖𝘳𝘴𝘢𝘺, 𝘗𝘢𝘳𝘪𝘴).

 

 

Louis Pasteur est né à Dole en1822, dans le Jura. En 1830, son père, ancien sergent dans l’armée napoléonienne, devenu tanneur, s'installe avec sa famille à Arbois. Il inscrit le petit Louis à l'école mutuelle

 

L’école mutuelle

L' école primaire que choisit le père de Louis Pasteur propose un "enseignement mutuel", un mode d'éducation qui retrouve un regain d'intérêt dans les écoles d'avant-garde d'aujourd'hui. Dans l’école mutuelle, un seul maître est nécessaire pour enseigner à plusieurs dizaines voire à une centaine d’élève. Le maître reste  l’enseignant principal mais il n’est pas le seul à participer au processus éducatif.  L’école est organisée selon plusieurs niveaux où les enfants sont à la fois élèves et moniteurs. Tout le monde apprend à son niveau et enseigne au niveau inférieur. La classe mutuelle permet ainsi aux élèves de travailler en petits groupes et de s’entraider, ce qui favorise l’autonomie et développe l’empathie contrairement à l’enseignement traditionnel qui mise plutôt sur la compétition et l’émulation. Ces concepts sont d’ailleurs repris aujourd’hui dans certaines écoles scandinaves, semble-t-il avec succès.

 

Un élève et un étudiant brillant

Louis est bon élève dans toutes les matières y compris en dessin : il réalise de nombreux portraits de sa famille et de ses amis. Poussé par ses professeurs, il passe successivement le baccalauréat ès lettres puis le baccalauréat ès sciences. En 1843, Il est reçu à l’École normale supérieure où le professeur Balard, séduit par son intelligence et qualités d’intuition, lui propose un poste de préparateur dans son laboratoire de chimie pour financer la poursuite de ses études. Il obtient rapidement l’agrégation et un doctorat ès sciences,

De simple professeur à membre de l'Académie des sciences

Bardé de tous ses diplômes, Pasteur trouve facilement un poste de professeur  de chimie d’abord à Dijon, en 1848, puis à la Faculté des Sciences de Strasbourg, en 1849. C’est à Strasbourg qu’il épouse Marie Laurent, la fille du recteur. Ensemble ils auront cinq enfants et Marie sera toute sa vie une précieuse collaboratrice pour Louis Pasteur. De juin 1849 à janvier 1851, Pasteur occupe également la suppléance de la chaire de chimie à l’école de pharmacie de cette même ville, Chercheur efficace, Louis Pasteur publie aussi de nombreux articles dans les revues savantes.
En 1854 il est nommé professeur de chimie puis doyen de la faculté des sciences de Lille nouvellement créée. Ses travaux de biochimie intéressent beaucoup les industriels du Nord, en particulier les brasseurs de bière et les distillateurs de betteraves à sucre. Cette coopération avec l'industrie lui donne les moyens d'étudier de près l'origine de la fermentation. Il ne tarde pas à se persuader de l’existence de micro-organismes indépendants et à réfuter la thèse communément admise alors de la génération spontanée. Il publie ses travaux pour étayer son hypothèse. Son argumentation est si convaincantes que les tenants de la science officielle se rallient rapidement à ses idées. Sous son influence l’hygiène et l’aseptisation font également des pas de géant. Sa renommée grandit. En 1857, il prend la direction des études à l'École normale supérieure et, en 1662, il est élu à l’Académie des Sciences.

De la fermentation à la "pasteurisation" des boissons

Napoléon III, qui s’inquiète des effets négatifs des maladies du vin sur le commerce français, demande à Pasteur de trouver un remède. Pasteur va s’inspirer de travaux de Nicolas Appert, qui a travaillé sur la conservation des aliments, et propose de chauffer le vin à 57 °C afin de tuer les germes qu’il contient. Sa solution, la "pasteurisation", résout les problèmes de conservation et de transport du vin. Cette découverte lui vaudra le Mérite Agricole, mais aussi le Grand Prix de l’Exposition universelle de 1867. Le principe de la pasteurisation sera repris ensuite pour d’autres boissons. Ainsi le chimiste allemand Franz von Soxhlet l’utilisera pour le lait en 1886.

 

De la fermentation aux vaccins

Au XVIIe siècle des savants italiens avaient déjà découvert l'origine microbienne des maladies contagieuses mais cette découverte passe inaperçue et est vite oubliée. Il faut attendre le début du XIXe siècle pour que l'hypothèse   microbienne soit reprise par quelques chercheurs.

Pasteur, qui constate les analogies entre les maladies fiévreuses et la fermentation, est convaincu du rôle de microorganismes vivants dans les maladies. Ses recherches et ses publications sur le sujet sont tellement pertinentes qu’en 1873 il est élu aussi à l’à l’Académie de médecine alors qu’il n’est même pas médecin. 

A partir de 1877, il étudie de près certaines maladies infectieuses et parvient à isoler les microbes qui en sont responsable. Il prend alors pour point de départ les travaux de Jenner publiés en 1798 qui a réussi l’immunisation d’une maladie humaine, la variole, en inoculant une maladie animale, la « vaccine (voir encart ci-contre). L'idée de Pasteur est d' utiliser les agents infectieux eux-mêmes pour obtenir l’immunisation contre les maladies dont ils sont responsables. Pour cela il va isoler les agents pathogènes et trouver les moyens de la affaiblir  avant de les inoculer à l’organisme malade pour qu’il fabrique ce qu’on appellerait aujourd’hui des anticorps.

En 1878 , avec une culture affaiblie de cholera, il met au point le premier traitement efficace contre le choléra des poules. Bien que son approche soit différente de Jenner, Pasteur conserve le nom de vaccination pour son traitement, en hommage au médecin anglais. De fait, si Pasteur n’a pas inventé la vaccination, il a bel et bien inventé le principe des vaccins. En 1879, il est élu à l'unanimité à l'Académie vétérinaire de France.

En 1880, Henry Toussaint utilise ce principe de la vaccination pour réaliser des essais prometteurs contre la maladie du charbon qui décime alors des troupeaux entiers d’élevage de moutons. Pasteur améliore le procédé et utilise son aura pour organiser un évènement médiatique devant prouver l’intérêt de la méthode : en 1881, à Pouilly-le-Fort, il teste la préparation finale de son vaccin contre la maladie du charbon du mouton. Le succès est tel qu’une grande campagne de vaccination est lancée en Brie et en Beauce.

 

Pasteur vaccinant des moutons contre le charbon à Pouilly-le-Fort

La vaccination humaine : la rage vaincue

En 1880, Louis Pasteur décide de passer à la vaccination humaine. Il choisit la rage parce qu’elle touche aussi bien l’homme que l’animal sur lequel il peut faire des essais.

Cela s’avère beaucoup plus difficile que prévu. L’agent responsable de la rage est un virus et non un microbe. Pasteur ne le sait pas car les virus sont trop petits pour être vus avec les microscopes de l’époque. Il aura donc beaucoup de mal à isoler une préparation de l’agent pathogène affaibli. Il y parviendra néanmoins avec l’aide d’Émile Roux en utilisant des moelles de lapins atteints par la rage qu’il teste sur des chiens.

Après beaucoup d’hésitations, le 6 juillet 1885, il teste son traitement sur un jeune alsacien de neuf ans, Joseph Meister, mordu quatorze fois par un chien enragé. C’est un succès Joseph Meister, le premier être humain vacciné, ne développera jamais la rage.  
En septembre 1885, Pasteur a de nouveau l’occasion de tester son vaccin quand on lui amène Jean-Baptiste Jupille, un jeune berger profondément mordu par un chien enragé. Le jeune garçon s’était courageusement opposé à l’animal qui venait d’attaquer six autres petits bergers. Le résultat est de nouveau éclatant. Cette réussite est portée à la connaissance  du monde entier. En un an, 1726 personnes mordus par un animal enragé viennent se faire vacciner par l'équipe de Pasteur et la quasi-totalité d’entre eux guérissent.

Louis Pasteur meurt en 1895, à l’âge de 73 ans. Aujourd’hui encore son nom et son œuvre sont célébrés dans le monde entier.

La vaccination contre la rage dans le laboratoire de Louis Pasteur

photo de Louis Pasteur
prise par Paul Nadar


La science n’a pas de patrie.

Louis Pasteur



Histoire thématique


Dessin de Lebayle représentant Louis Pasteur en 1845 à l'Ecole Normale Supérieure, d'après un daguerréotype.


Études sur le vin de Louis Pasteur
édition de 1866


Pasteur découvre la loi des ferments 
(source : Source gallica.bnf.fr / BnF )


Edward Jenner,
précurseur de la vaccination

 

À la fin du XVIIIe siècle, un jeune médecin anglais, Edward Jenner, constate que si les paysans qui travaillent dans les fermes attrapent souvent la "vaccine", la variole des vaches,  ceux-ci sont ensuite épargnées lors des épidémies variolique. Jenner en conclut que la vaccine peut immuniser l’organisme contre la variole. Pour vérifier son hypothèse, en 1796, il prélève du pus de la main d’une femme malade de la vaccine et l’injecte à un garçon de 8 ans. L’enfant tombe malade mais se remet sur pied très rapidement. Trois mois plus tard, Jenner lui inocule volontairement la variole : il ne souffre d’aucune infection. Jenner répète plusieurs fois l’expérience et chaque fois le patient ne montre aucun signe de maladie. Il vient de découvrir la "vaccination". Ses résultats sont publiés en 1798.

Edward Jenner
peinture de James Northcote

 

Louis Pasteur notant ses expériences sur les animaux inoculés par la rage,
(source : Source gallica.bnf.fr / BnF )

 

A Pasteur, l'humanité reconnaissante

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