Ce bourg médiéval, qui garde l'empreinte de la Maison d'Harcourt, maître des lieux pendant des siècles, a rejoint en 1982 le club très fermé des plus beaux villages de France.
Beuvron-en-Auge, Calvados, France
(photo : Christophe.Finot / CC BY-SA 3.0 )
Le site de Beuvron était déjà connu à l’époque gallo-romaine (voire colonne de droite). Il a probablement été également visité par les viking au IXe siècle lors de leurs premières incursions sur les côtes de la Manche mais il faut attendre le XIIe siècle pour qu’apparaisse dans l’histoire normande, les premières mentions d’agriculture et d’habitat sur ce lieu. A cette époque la baronnie de Beuvron, fief de la vicomté d’Auge, dépendait du Duché de Normandie. À partir de 1204 et la confiscation de la Normandie par Philippe-Auguste, elle fut intégrée au domaine royal. Au XIVe siècle, suite au mariage de Philippe d’Harcourt avec Jeanne de Tilly, Beuvron passa aux mains de la famille d’Harcourt en même temps que les fiefs de Héricourt, de Tilly, de Beaufou, de Druval et de Saint-Aubin-de-Lébizay. Toutes ces terres resteront dans la maison d’Harcourt jusqu’à la révolution, à la fin du XVIIIe siècle malgré tous les aléas que connut la région, notamment pendant la guerre de Cent Ans durant laquelle la Normandie constitua l’un des principaux théâtres d’opération. Après avoir oscillé plusieurs fois entre le royaume de France et le Royaume d’Angleterre, la Normandie est définitivement replacée par Charles VII sous la domination française en 1450.
La bataille de Formigny. Enluminure ornant "La Cronicque du temps de tres chrestien roy Charles VII
(par Jean Chartier, Bibliothèque nationale de France,)
En 1593, le marquisat de Beuvron fut créé par la Maison d’Harcourt en regroupant plusieurs de ses terres autour de Beuvron : : baronnies de Méry, de Cléville, de Beaufou, de Druval et Saint-Aubin-de-Lébizay, fiefs d’Auricher et d’Angerville en la vicomté d’Auge.
C’est à cette époque que le bourg de Beuvron est en plein essor pour atteindre son apogée au XVIIe et XVIIIe siècles. Nombre de maisons restaurées dans le village actuel datent de cette époque. L’industrialisation du village à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle offre de nouvelles activités comme le tissage et le tannage et apporte la prospérité au village.
Le Manoir de Beuvron-en-Auge date de la fin du 15e siècle.
(Patrice78500, CC BY-SA 3.0)
L’arrivée du chemin de fer en 1879 conforte l’attraction du bourg devenu un centre important du commerce de bétail. De nombreux commerçants et artisans s’installent sur la place autour de la halle.
Le village connaîtra un passage à vide au XXe siècle et perdra la moitié de ses habitants en quelques décennies. L’arrivée d’un nouveau maire, Michel Vermughen, et d’une équipe municipale dynamique va relancer le site dans les années 1970, avec l’aide de l’État et du Département du Calvados.
Une politique ambitieuse et intelligente de restauration met en valeur l’architecture typique du pays d’Auge toujours présente dans le village. Les maisons à colombages et en briques retrouvent leur lustre des siècles passés. L’ancienne halle, au centre du village, construite en 1850 et qui avait dû être détruite en 1958, est reconstruite avec des matériaux récupérés de divers chantiers de restauration et d’anciens bâtiments démolis lors de la construction de l’autoroute A13.
Dès 1982, Beuvron-en-Auge rejoint le club très fermé des plus beaux villages de France. Il attire chaque année des milliers de visiteurs.
photo de Christophe.Finot, CC BY-SA 3.0
Beuvron-en-Auge, Place Michel Vermughen
(photo: Zairon, CC BY-SA 4.0)
Beuvron-en-Auge
(photo : Odile Blanvillain via Flickr/CC BY-NC-SA 2.0)
S'enfuir dans un village pour en faire le centre du monde.
Jules Renard
Beuvron-en-Auge
Beuvron-en-Auge se situe entre les villes de Caen et de Lisieux, à 30 km de chacune, en bordure des marais de la Dives, à l’ouest du plateau augeron.
La commune couvre un millier d’hectares de terres agricoles plantée de pommiers ou consacrée à l’élevage.
L'origine du nom
Le nom de la localité a pu varier au fil du temps. Plusieurs toponymes sont attestés par des documents écrits : Bevron ou Beveron au XIe siècle, Beuveron au XIVe siècle ou encore Brevon au XVIe siècle pour finalement aboutir à la graphie actuelle de Beuvron.
L’addition du qualificatif en Auge est beaucoup plus récent : il ne date que de 1884 quand une gare desservait le bourg et qu’il fallait la distinguer d’autres localités françaises portant le nom de Beuvron.
L’origine du toponyme Beuvron (ou de ses variantes antérieures) est gauloise. Le terme bebros ou bebrus, adapté en bas-latin sous la forme beber, repose sur le radical gaulois bebr- (ou bibr-) signifie "castor". Ce terme gaulois relié au castor a d’ailleurs survécu en ancien français sous la forme "bievre", à l’origine de nombreux noms de villes ou de rivières. Le second élément du toponyme Beuvron est également d’origine gauloise : - onno qui signifie cours d’eau (Ōne, -Ōn en galloromain). Beuvron est donc le lieu où se trouve la rivière aux castors, sans doute un des très nombreux douets (un ruisseau en dialecte augeron) rejoignant la vallée de la Dives qui offrait un habitat propice aux castors.
Le Doigt, un 'douet" d'aujourd'hui à Beuvron
Martpan, CC BY-SA 4.0
Photo : Alain Devisme /CC BY-SA 3.0
Beuvron-en-Auge, Place Michel Vermughen
Zairon, CC BY-SA 4.0
Beuvron et ses façades fleuries
(photo : Bernard Blanc, via Flickr /CC BY-NC-SA 2.0)
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