Avec les 82 articles de son ordonnance de 789, Charlemagne exhorte ses sujets au christianisme , leur donne de nouvelles règles de vie et fait renaître l'école.
Charlemagne recevant Alcuin, toile de Jean-Victor Schnetz ( Wikimedia Commons)
Le 23 mars 789, avec le capitulaire “Admonitio generalis” (exhortation générale), Charlemagne lance une réforme qui entend réglementer tous les compartiments de la vie du royaume.
Dans ce document de 82 articles, Charlemagne s’adresse à tous ses sujets (laïcs, moines, prêtres et évêques) et prescrit à chacun ses devoirs. L’objectif est d’abord de christianiser l’ensemble de la population . Par exemple, Il ordonne la destruction des arbres, pierres (menhirs, milliaires, stèles gallo-romaines) et fontaines qui font l’objet de cultes païens. Pour éviter de mécontenter les populations, il accepte que ces objets de culte soient christianisés par l’adjonction d’une croix ou de divers motifs illustrant la nouvelle religion. Par ailleurs Il recommande l’usage du chant romain ou chant grégorien dont l’usage avait été établi par son père, Pépin le Bref.
Charlemagne prend aussi des décisions majeures pour restaurer les écoles de la Gaule romaine. Les Romains avaient en effet créé un système éducatif dans tout l’Empire, destiné aux enfants à partir de 7 ans et issus de familles riches, l’enseignement étant à l’époque très coûteux. Au chapitre 72 de son capitulaire, Charlemagne entend aussi ouvrir l’école à des enfants plus modestes. Par exemple, il recommande aux évêques d’attirer à eux les enfants de serfs comme les fils des hommes libres. Il demande de mettre en place, dans les églises et dans les monastères, des écoles pour enseigner aux enfants à lire, à chanter, à compter, enfin de veiller à ce que les psautiers, les livres de musique, d’arithmétique et de grammaire soient d’une parfaite correction.
Ce « sacré Charlemagne » n’a donc pas inventé l’école comme le dit France Galle dans sa célèbre chanson, mais reconnaissons lui malgré tout le mérite d’avoir restauré une institution qui était tombé en piètre état en ce début de Moyen Âge. Dans les faits, malgré le souhait de l’empereur à la barbe fleurie, l’éducation ne s’est toutefois pas réellement étendue aux couches populaires. Elle est restée longtemps réservée à une élite et il a fallu attendre le 19ème siècle pour que l’éducation finisse par se démocratiser en Europe. En France, ce sont les lois Jules Ferry de 1881 et 1882 qui rendent l’instruction gratuite et obligatoire, que ce soit dans un établissement scolaire ou à domicile.
Dans la salle de classe, proche de l’église, les enfants sont sagement assis, une tablette entre les mains. Ils écoutent une jeune femme avenante, la Grammaire, leur expliquer les règles du latin. Cette illustration orne les pages d’un ouvrage de Martianus Capella, maître à Carthage au 5e siècle : ce manuel « scolaire », rédigé en prose et en vers, connaît un immense succès tout au long du Moyen Âge.
Martianus Capella, Les Noces de Philologie et de Mercure - Source : Bibliothèque nationale de France
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