Irène l’Athénienne crève les yeux de son fils pour devenir impératrice

Irène l’Athénienne, également connue comme Irène la Khazar ou Irène Sarantapechaina, malgré sa cruauté et son ambition démesurée, laisse l‘image d’une femme intelligente qui a su consolider les frontières de l'Empire byzantin par la diplomatie plutôt que par la guerre

 

Irène, mosaïque à Sainte Sophie (Istanbul, Turquie)
(Casalmaggiore Provincia, CC BY-SA 3.0)

 

 Au début du 8ème siècle , l’Empire byzantin est secouée par la « querelle des images » qui oppose les iconoclastes et les iconodoules. Les iconoclastes sont les partisans d’un retour au christianisme des premiers siècles qui bannissait les images du divin en raison d'un des dix commandements interdisant la représentation de Dieu. A l’inverse les iconodoules veulent pouvoir illustrer la vie de Jésus et des Saints afin de mieux évangéliser une population en grande partie illettrée. Au fil du temps les images (peintures, mosaïques ou sculptures) sont devenues, par glissements, elles-mêmes des objets de culte que les masses vénèrent : les icônes. Le clergé orthodoxe en retire de la richesse et de l'influence sur les fidèles. Cette situation indispose les empereurs et tout particulièrement Léon III l'Isaurien qui, en 726, interdit le culte des images et ordonne leur destruction.

C’est ce même Léon III qui va rechercher une épouse pour son fils Léon IV en organisant un concours de beauté. L’élue est une dénommée Irène, une aristocrate grecque née à Athènes en 752. Elle épouse Léon IV puis monte sur le trône avec lui en 768. Cependant, après cinq ans de règne, Léon IV meurt brutalement. Irène devient alors régente car leur fils, Constantin VI, n’est alors âgé que de 9 ans.

Irène en fine politique va prendre parti pour les iconodoules . Elle organise le deuxième concile de Nicée en 787 afin de rétablir le culte des icônes. Une décision qui lui attirera la sympathie du clergé et du peuple.

Lorsque son fils atteint la majorité, elle entend se maintenir au pouvoir et de régner seule. Appuyé par l’armée, son fils la renverse en 790. Irène s'arrange alors pour rendre son fils impopulaire. En 797, elle reprend les rênes après un un coup d'État et fait crever les yeux de son fils. Elle troque son titre de "basilissa" (mère de l'empereur) pour celui de "basileus" (empereur), devenant officiellement la première femme impératrice de l’Empire d’Orient . Elle meurt à Lesbos en 803.

Bien qu’ambitieuse, cruelle et sans scrupule, elle laisse l‘image d’une femme intelligente et... pieuse! Elle a su consolider les frontières de l'Empire par la diplomatie plutôt que par la guerre. Elle a allégé les impôts. Elle a favorisé le commerce et l’artisanat. Enfin elle a fait cesser les persécutions contre les moines et construit de nombreuses églises, ce qui lui vaudra d’être canonisée en 864.


L'ambition enivre plus que la gloire.

Marcel Proust


Un solidus à l'effigie d'Irène. CC BY-SA 3.0

 



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