L'Incroyable premier tour du monde de Magellan et Elcano

L'expédition prouve que la Terre est ronde et qu'il est possible de circuler autour d'elle par voie maritime


L a Victoria (détail extrait de la carte d'Ortelius)

 

Le 10 août 1519, la flotte de Ferdinand de Magellan, un explorateur portugais au service de l'Espagne, lève l’ancre depuis Séville. L’objectif est de découvrir une route maritime vers les Moluques, les îles aux épices dans l'actuelle Indonésie, en contournant l'Amérique par le Sud.
Magellan commande une flotte de cinq navires, sur lesquels sont embarqués 237 hommes. Si les marins sont essentiellement espagnols, il y a aussi parmi eux des Portugais, des Italiens, des Grecs et même des Français, en tout 237 hommes.
Magellan meurt au cours du voyage mais un de ses officiers, Juan Sebastián Elcano, parvient à revenir à Séville, le 6 septembre 1522, avec la Victoria, le seul bateau rescapé.  A son bord il ne sont plus que 18 survivants dont l'Italien Antonio Pigafetta qui tient un journal du voyage. C'est grâce à lui que nous est parvenu le récit de ce premier tour du monde.

 

La traversée de l’Atlantique

Après un arrêt aux Canaries pour avitailler, la flotte de Magellan longe la côte africaine puis traverse l’Atlantique en direction de l'Amérique du sud. Après quatre mois de navigation, elle arrive au Brésil, alors possession portugaise. Les cinq navires  jettent l’ancre dans la baie de Santa Lucia (aujourd’hui Rio de Janeiro), sur les conseils d’un de ses pilotes João Lopes Carvalho qui y a séjourné sept ans auparavant. Celui-ci y retrouve Juanillo,7 ans, le fils, qu'il avait eu d’une Indienne, et qu'il va embarquer sur la Concepción (voir encart)

 

Après un arrêt aux Canaries pour avitailler, la flotte de Magellan longe la côte africaine puis traverse l’Atlantique en direction du Brésil. Après quatre mois de navigation, elle arrive au Brésil, alors possession portugaise. Les cinq navires jettent l’ancre dans la baie de Santa Lucia (aujourd’hui Rio de Janeiro), sur les conseils d’un de ses pilotes João Lopes Carvalho qui y a séjourné sept ans auparavant. Celui-ci y retrouve Juanillo,7 ans, le fils, qu'il avait eu d’une Indienne, et qu'il va embarquer comme mousse sur la Concepción.

L’expédition longe ensuite la côte ouest de l’Amérique du sud à la recherche d'un passage vers l'océan Pacifique. Mais en ce début d’année 1520, c’est l’hiver austral et plus la flotte descend vers le sud, plus il fait froid. Magellan décide d’hiverner dans la baie de San Julián en Patagonie.

Une mutinerie éclate le 1er avril 1520. Emmenés par Luis de Mendoza, Juan de Cartagena et Gaspar de Quesada, les mutins doutent de la pertinence des choix de Magellan et de l'existence d’un passage vers l'ouest. Ils veulent quitter ces régions froides et hostiles. Les révoltés sont nombreux et contrôlent bientôt trois des cinq navires. Mais Magellan et les marins qui lui sont restés fidèles parviennent à reprendre le dessus par la ruse.  Mendoza est assassiné par surprise. Quesada est neutralisé puis décapité après un procès qui dura cinq jours.  Juan de Cartagena est abandonné sur le rivage de Patagonie avec le prêtre Pedro Sánchez de la Reina.  Quelques meneurs subiront des châtiments ou supplices expiatoires. Une quarantaine d’autres mutins seront toutefois pardonnés car Magellan ne peut se permettre de se passer d’un aussi grand nombre de marins.

À la fin avril 1520, Magellan envoie le Santiago en reconnaissance vers le sud pour tenter de trouver un passage. Le bateau, balloté par la houle et les vents violents finit par être projeté sur un banc de sable avant de chavirer et de se rompre. L’équipage parvient à se réfugier à terre. Deux des naufragés rejoindront San Julián après onze jours de marche pour demander du secours. Trente-cinq naufragés seront finalement récupérés vivants par une expédition envoyée par Magellan pour les  secourir.

En octobre, à la fin de l'hiver austral, les 4 navires restant repartent, toujours vers le sud . En novembre ils vont enfin découvrir  le passage qui va les mener jusqu'au Paciffique et qui deviendra le détroit de Magellan.

 

Le détroit de Magellan

La traversée du détroit de Magellan ne sera pas une croisière de tout repos. Les navires se perdent souvent dans des dédales de défilés, cerné de montagnes lugubres. Certains fjords s'avèrent être des impasses et les bateaux doivent rebrousser chemin. Les marins aperçoivent de temps à autre des fumées à l'intérieur des terres d'où le nom de Terre de feu qui sera donnée plus tard à l'extrême fin du continent. Il s'agit en fait de feux de camps des indiens.

Au milieu du détroit, une mutinerie éclate sur le San Antonio. Le navire fait demi tour et abandonne Magellan.  Il parviendra à renter à Séville le 6 mai 1521 avec 55 hommes à son bord.

Magellan n'a plus que trois navires mais, après un mois de navigation, il  retrouve enfin un océan et peut continuer son voyage vers l'ouest.

 

portrait d'époque de Fernand de Magellan

portrait d'époque de Fernand de Magellan

 


La flotte de Magellan

Navireéquipage
Trinitad62
San Antonio55
Concepción44
Santiago31
Victoria45


Réplique de la Victoria, musée de Punta Arenas au Chili (Juan Matassi, CC BY-SA 3.0)

l'exécution du capitaine Luis Mendoza,

l'exécution du capitaine Luis Mendoza,


Découverte du détroit de Magellan,
(peinture d'Álvaro Casanova Zenteno.)

 

La traversée du Pacifique

Une fois sorti du détroit, Magellan met le cap au nord et remonte le long de la côte chilienne. Après avoir essuyé de grandes tempêtes il s’oriente vers l’ouest et retrouve des eaux plus calmes qui l’amène à baptiser pacifique ce nouvel océan. La traversée du Pacifique ne pose pas de difficulté particulière de navigation. Par contre, le trajet durera presque quatre mois et les vivres viendront à manquer. L’équipage en est réduit à traquer les rats et à les manger. Les marins finiront par se faire des soupes avec des copeaux de bois et des morceaux de cuir qu’ils trouvent à bord. L’eau est rationnée et sa potabilité est douteuse.

Le scorbut et le le béribéri font leurs apparition. En mars 1521, l’expédition atteint les îles Mariannes où ils peuvent enfin se ravitailler Malgré la faim et les maladies les pertes en vies humaines durant la traversée du Pacifique auront pu être limitées à 9.

Magellan visite alors plusieurs îles des Philipines où il est diversement accueilli par les indigènes. Lors d’une escale à la petite île de Mactan, la visite va tourner à la confrontation avec les indigènes. Le 27 avril 1521, Magellan est blessé à mort par une flèche empoisonnée dont le venin a un effet foudroyant. Le comportement des hommes de Magellan étant loin d’être exemplaire, les indigènes de l’archipel vont faire front commun pour se débarrasser des européens.

 

Mappemonde avec la route de Magellan et d'Elcano,
par Battista Agnese, (atlas nautique, Venise, 1544)

 

Le retour à Séville

Après la mort de Magellan, Juan Sebastián Elcano prend le commandement de ce qui reste de l’expédition : 113 hommes et trois navires. N’ayant pas assez de marins pour constituer trois équipages, Elcano fait brûler la Concepción puis fait route vers l’est avec deux vaisseaux, la Victoria qu'il commande et la Trinidad qu’il confie à João Lopes de Carvalho.

En juillet 1521, les deux navires atteignent le Sultanat de Brunei, dans le nord de l’île de Bornéo, puis, en novembre 1521, ils arrivent enfin aux îles Moluques, déjà connues des Européens. Les équipages chargent d'épices les deux navires mais malheureusement la Trinidad ne pourra pas poursuite sa route car une voie d’eau importante est découverte. Des réparations s’imposent et elle ne repart que quatre mois plus tard. Elle est finalement arraisonné par les Portugais qui mettent fin à son aventure.  Seule La Victoria, sous le commandement d’Elcano, parvient à repartir vers l'est et à traverser l'océan Indien, en prenant bien soin d’éviter les ennemis portugais.Elle passe sans encombre le cap de Bonne-Espérance, puis remonte jusqu'en Espagne,.

Le 6 septembre 1522, trois ans après le départ de l'Espagne, Elcano et  la Victoria, reviennent à Séville, achevant ainsi le premier tour du monde. L'expédition a  prouvé que la Terre est ronde et qu'il est possible de circuler autour d'elle par voie maritime, ouvrant ainsi la voie à d'autres explorations et au renouvellement des connaissances géographiques de l'époque.

Le trajet de Magellan dans le détroit

(Shakki, CC BY-SA 3.0 )

 


Plaque commémorative à la bibliothèque  de Sanlúcar de Barrameda, célébrant Magellan et Elcano

Plaque commémorative à la bibliothèque  de Sanlúcar de Barrameda, célébrant Magellan et Elcano. (Armando-Martin, CC BY-SA 3.0)

 


une des premières mappemondes

une des premières mappemondes
(British library)


Séville au XVIe siècle, point de départ et d'arrivée du premier voyage autour du monde

(peinture deAlonso Sánchez Coello)

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