Axoum : le Royaume africain devenu Empire

Alors que l'Empire romain s'effondre,  une autre grande civilisation émerge dans la Corne de l’Afrique : le Royaume d’Axoum. Sa langue, le guèze, est toujours employée, notamment en Éthiopie, alors que le latin des Romains est devenu une langue morte depuis longtemps.


Situé dans l’actuelle Érythrée, au carrefour des routes commerciales entre l'Inde et la Mer Méditerranée, le royaume se développe autour de la ville d’Axoum à partir du IVe siècle avant J.-C.
Au début de notre ère, il est devenu un acteur majeur du commerce international.  
Au IIIe siècle après J.-C., sous le règne du roi Endubis, le Royaume d’Aksoum est le premier État africain à frapper ses propres monnaies, à l’instar des Romains.

monnaie aksoumiste

monnaie aksoumiste

En l'an 330, avec la conversion au christianisme du roi Ezana, le Royaume d’Aksoum devient le deuxième état au monde, après l'Arménie (en 301), à adopter officiellement le christianisme comme religion d'État. À titre de comparaison, l'Empire romain n'est formellement chrétien qu'en l'an 380 à la suite de l'Édit de Thessalonique. Cela met fin à la persécution des nombreuses communautés judéo-chrétiennes déjà fortement présentes sur place. C’est aussi à cette époque que la croix chrétienne fait son apparition sur les pièces de monnaie d’Aksum.

Église Sainte-Marie-de-Sion, construite au IVe siècle sous le règne Ezana.

Église Sainte-Marie-de-Sion, construite au IVe siècle sous le règne Ezana.
(A. Davey from Where I Live Now: Pacific Northwest, CC BY 2.0 )

 

Après avoir soumis le grand Royaume de Koush, tombé en déclin, le royaume d’Aksoum continue de s'étendre et se transforme peu à peu en Empire. Alors que l’Empire romain s’effondre au Ve siècle, l’Empire aksoumite connait son apogée au VIe siècle. Il domine désormais sur un vaste territoire qui est aujourd’hui divisée entre l’Érythrée, l’Éthiopie, Djibouti, la Somalie, le Somaliland et enfin, pour partie, le Soudan, l'Égypte et l'Arabie.
L’Empire aksoumite est alors une des grandes puissances du moment au même titre que la Perse ou la Chine.

Bien que cela nous choque aujourd'hui, les Aksoumites, comme les autres civilisations antiques, possèdent des esclaves. Ceux-ci contribuent non seulement à la mise en valeur de des  terres arables de l'Empire mais aussi à sa richesse. Les esclaves sont achetés et vendus. Ils participent à l'essor du commerce Aksoumiste comme l’or, le fer, les pierres précieuses,  l’ivoire et les productions agricoles. Ce commerce d'esclave trouvera plus tard son prolongement dans la traite arabo-musulmane.

Les Aksoumites construisent de magnifiques bâtiments et des palais dont celui de Ta'akha Maryam (ruines de Dangour), qui mesure 120 mètres sur 80. Selon la tradition, la reine de Saba y aurait résidé.  Aksoum est également le lieu présumé où repose l'Arche d'alliance, le coffre qui, selon la Bible, contient les Tables de la Loi données à Moïse sur le mont Sinaï. 

 ruines de Dungur,

Détail des ruines de Dungur,  dans la partie ouest d'Axoum , le palais de la reine de Saba selon la tradition locale. (Sailko, CC BY 3.0 )


Au VIIe siècle, certains des premiers fidèles de Mahommet, fuyant la persécution des Quraychites à La Mecque, trouvent refuge à Aksoum.  Ce geste d'accueil sera le fondement de bonnes relations durables entre l'État chrétien d'Éthiopie et ses voisins musulmans.

Comme tous les empires, l'Empire Aksoumite ne sera cependant pas éternel. À compter du VIIIe  siècle, il décline face à la concurrence des Arabes sur les routes maritimes vers l’Inde et la côte orientale de l’Afrique. Le climat devient plus sec et la surexploitation des terres rendent l’agriculture moins productive.   L’Empire aksoumite finit par disparaître vers l’an 1000. L’Éthiopie prendra le relais. Pour la petite histoire, dans l’Antiquité romaine, l'Aethiopia désignait l'ensemble du continent africain, le terme Africa n'était alors donné qu'à la province correspondant à peu près à l'actuelle Tunisie.

Où l'on vous interdit, c'est là que vont toutes nos pensées.

Proverbe guèze (éthiopie)


Codex Eliza en langue guèze

L'obélisque d'Aksoum, symbole de la civilisation aksoumite ( A.Savin,  Wikimedia )

La Pierre d'Ezana, avec ses inscriptions en grec, en guèze et en sabéen. (Saiko, CC BY 3.0)



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