Saint-Guilhem-le-désert (Sant Guilhèm dau Desèrt )

Publié le 6 mai 2024 à 06:05

Situé sur la voie d'Arles du Chemin de Compostelle, Saint-Guilhem-le-désert est  l'un des plus beaux villages de France, fondé par  Guillaume, le petit-fils de Charles Martel et cousin de Charlemagne.


Saint-Guilhem-le-désert
(Fagairolles 34, CC BY-SA 4.0 )

Les premières traces d’occupation humaine du site remonte au néolithique.  Au haut Moyen-Âge, le lieu devient un point de passage des chemins muletiers et des voies pastorales venant des Cévennes et du plateau du Larzac, au sortir des Gorges de l’Hérault.

La formation du village n’intervient toutefois qu’au IXe siècle quand Guillaume (Guilhem en languedocien) le petit-fils de Charles Martel et cousin de Charlemagne fonde une abbaye dans le vallon de Gellone, sur la rive ouest du fleuve Hérault.

Charlemagne ayant fait don à la toute nouvelle communauté monastique d’un morceau de la Sainte Croix, l’abbaye devient un lieu de pèlerinage pour de nombreux chrétiens, notamment ceux qui empruntent  la Voie d’Arles du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Le Pont du Diable sur l'Hérault, au XIXe siècle,
par
Jean-Joseph Bonaventure Laurens (source : Source gallica.bnf.fr / BnF)

Avec la construction du Pont du Diable au début du XIe siècle qui permet de franchir aisément l’Hérault, le lieu devient aussi une étape importante sur l’antique route de Rocamadour à Saint-Gilles, le port d’embarquement des chevaliers en partance pour Jérusalem.  Au XIIe siècle, la voie Roumive du Grand chemin des Pèlerins vers Saint-Gilles, qui suit un tronçon de cette route est même plus fréquentée que le chemin de Compostelle.  Une agglomération se développe alors autour de l'abbaye, le long du Verdus, un petit affluent de l’Hérault qui fournit un oasis de fraîcheur  aux pieds des impressionnantes falaises calcaires du Cirque de l’Infernet.

Saint-Guilheme-le-désert
(Photo de Marc Meynadier, CC BY-ND 2.0)

 

Au XIIe siècle Saint-Guilhem regroupe deux paroisses distinctes autour de l’abbaye : Saint-Barthélemy et Saint-Laurent. L’ensemble est protégé par des murailles d’enceintes dont il reste encore aujourd’hui d’importants vestiges au nord du village et en contrebas du château du Géant, accroché au piton rocheux qui domine le village. Le porche imposant de la porte de Ganges, au sortir du village, est aussi un témoignage de ces fortifications médiévales. 

A cette époque, selon les premiers registres féodaux disponibles, le bourg ne compte que quelques dizaines de maisons et environ 150 habitants mais il est en plein essor. Le monastère  accueillera jusqu’à une centaine de moines au XVe siècle. La population de Saint-Guilhem franchira alors le seuil des 500 habitants.

Vue générale de Saint-Guilhem-le-Désert au XIXe siècle

Vue générale de Saint-Guilhem-le-Désert au XIXe siècle
par Jean-Joseph Bonaventure Laurens (source : Source gallica.bnf.fr / BnF)

La guerre de Cent Ans, les épidémies puis les guerres de Religions au XVIe siècle vont tarir les flux de pèlerins. La voie Roumive reste néanmoins empruntée par les marchands jusqu'à la fin du XVIIe siècle avant d'être supplantée par les nouvelles routes carrossables construites par Louis XIV à l'époque de la guerre des Camisards. Le chemin des Romieux continuera néanmoins d'être  utilisé jusqu'à l'époque contemporaine par les paysans pour la transhumance des troupeaux vers l'Aubrac.

À la Révolution, les bâtiments de l’abbaye, devenue un bien national,  sont occupés par une filature et une tannerie. Des éléments du cloître sont démantelés mais heureusement conservés. Une partie sera réutilisée au XIXe siècle quand  l'abbaye sera  restaurée après avoir été inscrite aux Monuments Historiques.  Le reste du cloître sera acheté en 1906 par un américain, George Grey Barnard. Ces pièces inestimables  sont toujours exposées dans une dépendance du Metropolitan Museum of Art de New York, The Cloisters ("Les Cloîtres" en français)  avec d'autres vestiges médiévaux européens .

Mis à part les vignes et les oliviers sur les terrasses à flanc de montagne, c’est le Verdus qui fut longtemps le moteur de l’économie locale, avec de nombreux moulins à eau, pour le grain ou l’huile d’olive, ainsi que plusieurs martinets à cuivre et des tanneries.

Au XIXe siècle la commune connait aussi une certaine activité industrielle grâce à l’exploitation de mines de charbon dans la région. C'est à ce moment que Saint-Ghuilhem connait son apogée démographique avec une population qui avoisine le millier d'habitants.

Eglise et place de Saint-Guilhem par Jean-Marie Amelin
(source : Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France )

Aujourd’hui le village garde son caractère médiéval, avec ses habitations, imbriquées les unes aux autres, coiffées de tuiles patinées par le soleil et le temps. Les maisons de sa rue principale  sont typiques de l'ancien Languedoc avec leurs larges portes en rez-de-chaussée qui s’ouvrent sur une grande pièce voûtée en pierre, réservée au bétail et au travail agricole. Juste à côté, une porte plus petite donne accès à un escalier qui conduit aux étages d'habitation et au grenier où est stockés le fourrage pour les animaux.

En ce début de troisième millénaire, Saint-Ghuihem ne compte plus guère que 200 habitants permanents mais il est loin d'être un désert. Des  dizaines de milliers de touristes  viennent visiter chaque année l'une des plus belles abbayes de l'art roman du Midi et s'imprégner de l'atmosphère unique d'un des plus beaux villages de France.  On peut encore y voir la Cardabelle, séchée et clouée aux portes de certaines maisons en décoration ou en porte-bonheur. Au Moyen-Âge cette fleur servait de baromètre :  son capitule (la partie centrale) se refermant à l’approche du mauvais temps.

Cardabelle (carline à feuilles d'acanthe) accroché à une porte du village.
Fritz Geller-Grimm, CC BY-SA 2.5

Avec son cadre naturel exceptionnel, Saint-Guilhem est aussi le point de départ des randonneurs qui explorent les multiples chemins d’antan pour découvrir les charmes et les senteurs méditerranéennes des montagnes environnantes. L’été, la plage du Pont du Diable, en contrebas du village, accueille les vacanciers qui veulent profiter d’une baignade rafraichissante dans les Gorges de l’Hérault ou faire un petit tour de canoë.

 

On a beaucoup moins de voisins dans une ville que dans un village.

Jean-Marie Gourio



Abbaye de Gellone
(Wikinicoj, CC BY-SA 3.0)

Saint-Guilhem-le-désert

Situé à environ 35 km au nord-est de Montpellier à l’entrée des Gorges de l’Hérault, le village ne compte guère plus de 200 habitants permanents. Il est traversé par le Verdus, un affluent de l'Hérault, et par de nombreux autres ruisseaux plus petits qui en font un oasis de relative fraîcheur dans un environnement aride


L'origine du nom

Saint-Guilhem-le-Désert doit son nom au petit-fils de Charles Martel et cousin de Charlemagne, Guillaume (Guilhem en languedocien) qui fonda l’abbaye de Gellone autour de laquelle se développa le village . Ce n’est toutefois qu’après la canonisation de Guilhem en 1066 qu’apparait le nom de Saint-Guilhem pour désigner le lieu.
Au XIIIe siècle, le qualificatif "du désert" (dau desèrt), aujourd'hui "le désert", s'ajoute au nom du village en référence aux ermites des premiers temps de la chrétienté qui se retiraient dans des lieux inaccessibles, loin de l’agitation du monde habité.

Blason de Saint-Guilhem-le-désert,
(Spedona, CC BY-SA 3.0 )


Guillaume de Gellone
(Saint Guilhem)

Guillaume de Gellone
par Simon Vouet (musée du Louvre)

Guillaume naît vers 750, en pays de langue d’oïl, dans le nord du royaume Franc. Son père est un Proche des maires du palais des rois mérovingiens., son père a épousé Aude,  la fille de  Charles Martel. Guillaume est  est donc un petit-fils de Charles Martel. Par ailleurs, après que le dernier des rois mérovingien, Childérice III, eut été déposé, c’est un autre enfant de Charles Martel, son fils Pépin dit le bref, qui devient roi des Francs. Le fils de Pépin le bref, le futur Charlemagne et Guillaume sont donc cousins et ont approximativement le même âge.

Du fait de ce lien de proche parenté, Charlemagne confiera à Guillaume la défense des nouveaux territoires au sud de son royaume. C’est ainsi que vers 790, Guillaume, Guilhem en languedocien,  devient comte de Toulouse, duc d'Aquitaine et marquis de Septimanie.
Guilhem aide activement Charlemagne à consolider ses possessions d’Aquitaine et participe au-delà des Pyrénées à ses guerres contre les sarrasins. C’est à Guilhem et à ses troupes que Haroun, le wali musulman de Barcelone, ouvrira les portes de la ville en 801.

Guilhem, profondément chrétien,  a gardé le contact avec son ami d’enfance, le wisigoth Witiza devenu Benoît, qui  a  fondé en 784 une abbaye à Aniane sur la rive Est de l'Hérault. En 804, Guilhem fonde à son tour une abbaye non loin d’Aniane, dans le vallon de Gellone, sur la rive ouest de l’Hérault, où il installe la communauté religieuse de Saint-Sauveur de Gellone. C’est là que Guilhem, le valeureux guerrier lassé de la vie de soldat,  se retire après la mort de sa femme , en 806, et qu'il y  meurt en 812.

Il sera canonisé par le pape Alexandre II en 1066 sous le nom de saint Guilhem et, au siècle suivant, il deviendra le personnage d'une chanson de geste :  Guillaume d'Orange ou Guillaume au court nez.


Les ruines du château du Géant à Saint-Guilhem
(R. de Saint-Gilles, CC BY-SA 4.0)

L’orgue de l’abbaye de Gellone 
une des "Sept Merveilles Organistiques" du monde.


Histoire thématique


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Commentaires

Marty
il y a 2 mois

Je connais ce lieu que je recommande de visiter