Le roi épris de justice et d’amour pour ses sujets chrétiens, voulait convertir de force les juifs et exterminer les hérétiques.
Louis IX voit le jour en 1214 sous le règne de son grand-père Philippe-Auguste. Le jeune prince retiendra de lui que le devoir d’un roi est de protéger son peuple et l’Église. Sa mère Blanche de Castille et son père, le futur Louis VIII dit le lion, lui donnent une éducation dans cet esprit, où la morale et la religion tiennent une grande place.
Communion de Louis IX, (BnF)
En 1223, Louis VIII succède à Philippe-Auguste mais celui-ci, après seulement trois ans de règne, meurt prématurément des suites d’une dysenterie. Le jeune Louis IX n’a donc que 12 ans quand il devient roi à son tour en 1226.
Blanche de Castille, une des plus grandes femmes d’État que la France ait jamais connue, assume alors la régence. Elle protège le royaume de l’appétit des grands seigneurs et gouverne habilement pour préserver et perpétuer l’héritage capétien. Elle prépare aussi l’avenir en assurant l’éducation politique et chrétienne de son fils, le seul roi de France qui sera canonisé. Elle lui donne des précepteurs issus des grandes universités médiévales et veille à la discipline : les coups de fouets rappellent à Louis qu’un chef d’État se doit de montrer l’exemple.
En 1234, Blanche de Castille arrange le mariage de Louis IX avec Marguerite de Provence, Ce mariage, bien que politique, sera une réussite. Fait rare pour un monarque, tout au long de sa vie, Louis IX vouera une fidélité sans faiblesse à son épouse. Le couple aura onze enfants, dont Robert de Clermont, l'ancêtre des Bourbons, qui vont régner sur la France d'Henri IV à Louis-Philippe Ier.
Après la régence de sa mère, Louis IX cherche d’abord à consolider son royaume.
Après avoir fait face aux seigneurs aquitains, soutenus par le roi d'Angleterre Henri III, il cherche un compromis pour mettre fin à la guerre en signant le traité de Paris. Le souverain anglais reçoit une partie des territoires de l'ancien héritage d'Aliénor d'Aquitaine dans le sud-ouest de la France mais il se reconnaît vassal du roi de France pour ce duché de Guyenne et renonce à la Normandie, à l'Anjou, à la Touraine et au Maine.
Louis IX va aussi agrandir le domaine royal après un accord avec le roi d'Aragon, Jacques Ier, qui renonce à sa suzeraineté sur la Provence et sur le Languedoc, annexé en 1258. En échange, la France renonce à sa suzeraineté sur la Catalogne et le Roussillon, territoires dépendants de la France depuis Charlemagne.
À l'intérieur du pays, il mène également une politique pacifique en interdisant les tournois, les guerres privées et les duels judiciaires. Avec la création du parlement de Paris, il met fin au pouvoir judiciaire absolu des seigneurs dans leur fief. Dorénavant il est possible de contester une décision prise par un seigneur local devant la justice royale.
Saint Louis médiateur entre le roi d'Angleterre et ses barons,
Georges Rouget, château de Versailles.
Comme la plupart de ses contemporains Louis IX ne conçoit pas l’idée de vivre en dehors de la religion. Son amour du Christ l’amène à lancer, en1248, la septième Croisade pour libérer la ville sainte de Jérusalem. Avec ses seigneurs et tous les croisés, il part d’Aigues-Mortes vers Chypre puis décide de passer en Égypte avec l’idée de prendre Saladin à revers par le sud. Cette stratégie est un échec. Louis IX est fait prisonnier par les mamelouks. Il ne sera libéré et autorisé à rentrer en France que contre une rançon de 200 000 livres. Une fois libre, il ne renonce cependant pas son objectif initial, il ordonne à sa flotte de mettre le cap sur Saint-Jean d'Acre où il débarque le 13 mai 1250. Il tente alors de restaurer ce qui reste des États francs de Palestine, à savoir une bande littorale, de Saint-Jean d'Acre à Antioche. Il réorganise le système défensif du territoire, ce qui permettra aux Francs de résister encore quelques années aux assauts des musulmans, mais la mort de Blanche de Castille, le 27 novembre 1252, l'oblige à rentrer en France.
Le départ de Saint Louis pour la septième croisade (Chroniques de Saint-Denis)
Après la disparition de sa mère, Louis IX devient austère et adopte un mode de vie quasi monacal. Il se nourrit de plats simples, sans accommodements inutiles. Il s’habille tout aussi simplement avec des tenues quotidiennes soulignant son humilité et sa tempérance. Il va même jusqu’à porter régulièrement un vêtement en crin (le cilice) pour mortifier sa chair. Comme Toutes les nuits, à heures fixes, hiver comme été, il se lève pour entendre dans sa chapelle privée les offices matinaux. Enfin, tous les vendredis, en hommage au Christ, il se fait fouetter jusqu’au sang. Il impose également la rigueur morale dans le royaume : la prostitution, les jeux de hasard et les blasphèmes sont sévèrement punis. Il encourage la charité et la compassion envers les pauvres
En 1270, Louis IX commence la huitième croisade. Comme en 1248, il part d'Aigues-Mortes mais cette fois il se dirige vers Tunis de l’autre côté de la Méditerranée. Les croisés assiège la ville mais l’expédition tourne court. De très nombreux soldats meurent sous l’action conjuguée de la chaleur et de diverses maladies. Lui-même mourra du scorbut le 25 août 1270, après avoir reçu les derniers sacrements. Sa dépouille est ramenée en France où elle va rejoindre les restes des descendants d’Hugues Capet à la basilique de Saint Denis.
À peine 17 ans plus tard, le 11 août 1297, Louis IX est canonisé par le Pape Boniface VIII. Il restera dans l’Histoire sous le nom de « Saint-Louis ». Si l’on croit Joinville, son chroniqueur officiel et son ami qui l’a accompagné partout y compris en Terre sainte, Louis IX était le chrétien parfait. Sa compassion envers les pauvres, son dévouement religieux, sa quête de la paix et de justice à l’intérieur du royaume étaient les marques de sa sainteté.
Canonisation de Saint Louis par le pape Boniface VIII -(Vie et miracles de Saint Louis, G. de St. Pathus. Bibliothèque nationale de France)
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Non seulement sa canonisation allait renforcer l'association entre foi chrétienne et royauté française, mais elle allait aussi faire de saint Louis un modèle édifiant pour de nombreuses générations. Sous la troisième République, les livres d’histoire de l’école laïque et républicaine montraient encore de belles images de Saint Louis rendant la justice à l’ombre d’un chêne du bois de Vincennes.
Aujourd’hui le pape François hésiterait cependant à canoniser ce roi qui, bien qu’épris de justice et d’amour pour ses sujets chrétiens, voulait convertir de force les juifs et exterminer les hérétiques.
Ainsi, en 1259, il poursuit la politique de ses prédécesseur et relance l’expulsion des juifs récalcitrants qui doivent porter la « rouelle » une pièce d’étoffe jaune sur leur vêtement. Soutenant l’Inquisition, il n’a aucune pitié envers les hérétiques qui sont, à ses yeux, une menace pour la religion et pour l'ordre moral. En 1244, à Montségur, deux cent vingt hommes et femmes qui refusent de renier leur foi sont condamnés au bûcher. Le même Louis IX organise aussi d’immenses bûchers afin de bruler les livres véhiculant des idées non chrétiennes. Enfin les soldats de ses aventureuses croisades montrent rarement un profond amour de leur prochain.
Ainsi que le remarquait fort justement Bernard Franck, “notre jugement sur un événement historique dépend de notre date de naissance.”
Expulsion des Juifs (portant rouelle à la taille). Miniature des Grandes Chroniques de France
L'homme fait la sainteté de ce qu'il croit comme la beauté de ce qu'il aime.
Ernest Renan
Mariage de Louis et Marguerite (BnF)
Blanche de Castille et Louis IX,
miniature de la Bible moralisée de Tolède,
Histoire thématique
Départ pour la 8ème croisade
(Grandes Chroniques de France /BnF)
Siège de Tunis, Grandes Chroniques de France/Bnf)
La mort de Saint Louis (Chroniques de Saint-Denis)
Saint Louis rendant la justice sous le chêne de Vincennes par Pierre-Narcisse Guérin,
musée des beaux-arts d'Angers).
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