Romeo et Juliette (huile sur toile de Henri Pierre Picou)
Selon la mythologie grecque, Pyrame et Thisbé étaient deux jeunes amants qui vivaient dans la ville de Babylone. Pyrame et Thisbé étaient voisins et s’aimaient profondément, mais leurs familles étaient en conflit et interdisaient leur relation. Ils se communiquaient secrètement en se parlant à travers une fissure dans le mur qui séparait leurs maisons. Un jour, ils décidèrent de se rencontrer sous un mûrier près d’une fontaine à l’extérieur de la ville, afin de s’enfuir ensemble. Thisbé arriva la première au lieu de rendez-vous, mais elle fut effrayée par la présence d’un lion avec la gueule ensanglantée. Elle s’enfuit rapidement en laissant derrière elle son voile. Pyrame arriva plus tard, vit le voile ensanglanté et crut que Thisbé avait été tuée par la bête. Dans un accès de désespoir, il se poignarda lui-même avec son épée. Quand Thisbé revint et découvrit le corps sans vie de Pyrame, elle fut accablée de chagrin. Elle prit l’épée de Pyrame et se poignarda également, choisissant de mourir à ses côtés. Les dieux, touchés par leur amour tragique, transformèrent les baies blanches du mûrier en baies rouges pour commémorer leur amour éternel.
Cette histoire d’amour tragique, avec ses thèmes de l’amour interdit et de la séparation est reprise et développée par de nombreux auteurs tout au long de l’Antiquité puis au Moyen Âge. Au 16ème siècle, le comte Luigi Da Porto s’empare de ce récit et le présente comme une histoire vraie qui se serait déroulé au début du 14ème siècle dans la ville de Vérone. L’italien change les noms des amants. Ils s’appellent désormais, et pour l’éternité, Roméo et Juliette. Ils sont les enfants des familles ennemies, les Cappelletti et les Montecchi. Da Porto décrit les maisons respectives des deux protagonistes et va même jusqu’à décrire le tombeau de Juliette…
La fausse vraie histoire de Da porto est adaptée en anglais. Elle sera le point de départ qu’utilisera William Shakespeare pour écrire, en 1597, sa célèbre tragédie en lui ajoutant son génie. Le succès est immédiat et la légende va devenir une quasi réalité pour longtemps.
« Roméo et Juliette ” Huile sur toile de Sir Frank Dicksee, 1884
(Southampton City Art Gallery, Royaume-Uni).
Au 19ème siècle les écrivains romantiques, comme Chateaubriand ou Alfred de Musset, vont en pèlerinage à Vérone. Ils sont à la recherche des lieux où l’histoire s’est passée. Ils n’ont guère d’éléments car Shakespeare n’a pas été très précis dans la localisation. Et pour cause, l’écrivain anglais n’a jamais mis les pieds à Vérone. Par chance, ils découvrent en centre-ville une vieille maison qui aurait été bâtie au 12ème siècle par un certain Capello. Pas de doute, Capello n’est autre que le Cappeletti de Shakespeare et la maison est celle de Juliette.
Un musée dédié aux amants y est créé en 1905. En 1936, l’américain George Cukor y tourne une version cinématographie de Roméo et Juliette. Un historien local, Antonio Avena, sentant la bonne affaire, va faire de la maison de Juliette un lieu touristique de premier plan. Il réaménage et décore la maison pour qu’elle corresponde à l’image qu’attend le public. L’addition d’un balcon de style médiéval sera le coup de génie qui va crédibiliser la légende de Roméo et Juliette aux yeux des millions de touristes qui passent par Vérone pour le voir.
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