Château de Chambord
Photographie de Sophie Lloyd (dossier de presse Patrick Giraud (CC BY-SA 3.0 )
En 1515, François 1er sort vainqueur de la bataille de Marignan. Cette campagne d’Italie est aussi pour le jeune roi l’occasion de découvrir les merveilles de l’architecture italienne et le travail de Léonard de Vinci.
En 1516, le maître florentin se retrouvant sans mécène après la mort de Julien de Médicis, François 1er l’invite à la cour de France. Léonard accepte la proposition. Selon la légende, il franchit les Alpes, à 64 ans et à dos d’âne, portant la Joconde sous le bras.
François 1er le nomme « Premier peintre, ingénieur et architecte du roi » et l’installe au manoir du Clos, aujourd’hui appelé Clos Lucé, situé à proximité du château d’Amboise, lieu de résidence de François Ier. Les deux hommes se lient d’amitié et conçoivent le projet d’une cité idéale dont le palais majestueux aurait des escaliers à doubles hélices. Ce projet ne verra malheureusement pas le jour en raison de l’état de santé de Léonard de Vinci, mais plusieurs des idées du maître seront reprises pour le château de Chambord dont la construction sera lancée en 1519, quelques mois après la mort de Léonard de Vinci.
Vue aérienne du château de Chambord, (Elementerre, CC BY-SA 3.0)
François 1er souhaite que l’architecture monumentale du château s’inspire de ce qu’il a vu en Italie déjà en pleine Renaissance. Le château est bâti selon un plan en forme de croix grecque avec une grande tour au centre. Cette tour est entourée d'une série de tours plus petites et est couronnée d'un toit en forme de couronne, à la mode italienne.
Plan du château relevé par Eugène Viollet-le-Duc,
Entouré d’un parc clos de murs, aussi vaste que Paris, Chambord n’est pas le lieu de l’exercice du pouvoir. C’est un lieu de plaisir, de fêtes et de chasses à l’écart des villes. Il symbolise toutefois le pouvoir par sa magnificence. En 1539, François Ier y accueille Charles Quint qui se montre conquis : on fait ainsi les honneurs du château à ceux que l’on veut éblouir.
A la mort de François 1er, le 31 mars 1547, le château n’est pas totalement achevé, mais son plan global ne sera pas modifié au cours des siècles suivants. Avec Louis XIV le domaine de Chambord prend son aspect définitif avec l'aménagement des parcs et jardins. C’est aussi au XVIIe siècle que la rivière du Cosson, qui traverse le domaine, est détourné par un canal pour alimenter les douves.’escalier à double révolution (Nono vlf, CC BY-SA 4.0)
Louis XIV, comme ses prédécesseurs, aime chasser. Or Chambord, au cœur de la Sologne , une région réputée pour ses forêts giboyeuses. Pour Louis XIV, le domaine royal de Chambord est donc une réserve de chasse idéale pour traquer le cerf et le sanglier. De plus, Louis XIV, qui se pose en monarque absolu, apprécie le faste et l’architecture du château qui conviennent bien à sa grandeur. S’inscrire dans les pas de François 1er, valeureux roi chevalier, n’est pas non plus sans lui déplaire. Le souverain va donc aussi aménager l’intérieur du château pour en faire une résidence de marque avec ses boiseries, ses parquets, fses aux-plafonds et ses petits cabinets. Il y logera, par exemple, de 1725 à 1733, son beau-père Stanislas Leszczynski, roi de Pologne ou encore le maréchal de Saxe, en récompense de sa victoire militaire de Fontenoy. La Cour du roi-soleil y viendra également à plusieurs reprises pour de fastueuses fêtes ou spectables. C’est à Chambord que Molière présente sa plus célèbre de ses comédies, Le Bourgeois gentilhomme, le 14 octobre 1670.
Cheminées du Château de ChambordMark Cartwright (CC BY-NC-SA)
Après Louis XIV, le château de Chambord est peu à peu délaissé par la Cour. Durant la Révolution, le château est pillé, le mobilier est vendu mais le monument échappe à la destruction. En 1809, Napoléon fait don du château au maréchal Berthier en remerciement de ses faits d’armes. Ce dernier ne l’utlise guère et sa veuve ne souhaite pas conserver cette grande demeure en mauvais état.
En 1821, une souscription nationale permet au duc de Bordeaux, petit-fils du roi Charles X, d’acquérir le domaine de Chambord et de devenir le comte de Chambord. Ce dernier ne pourra cependant pas profiter du château car les évènements politique l’obligent à partir en exil. Dernier représentant de la branche aînée et française de la maison de Bourbon, le comte de Chambord, sera officiellement prétendant à la Couronne de France sous le nom d'Henri V.
Bien qu’éloigné de son château, le comte de Chambord, reste attentif à ses biens. Il confie l’entretien du domaine à un régisseur et mène à distance de grandes campagnes de restaurations. Après sa mort, en 1883, ses neveux, les princes de Bourbon-Parme, héritent du domaine qui finira par devenir propriétés de l’État en 1930.
Pendant la seconde guerre mondiale, le château de Chambord va servir de refuges aux chefs d’œuvre détenus par les musées français. Après la débâcle, le Louvre et de nombreux musées de France vont chercher à mettre leurs trésors à l’abri. Chambord sera une des destinations de refuges popur les collections publiques.
Le château, fermé au public, va ainsi abriter des milliers d’œuvres et les préserver des bombardements et de la convoitise des nazis. Quelque 4 000 m 3 de caisses seront entreposées au château contenant des œuvres aussi prestigieuses que La Joconde de Léonard de Vinci, La Liberté guidant le Peuple de Delacroix ou la tapisserie de La Dame à la licorne.
Portrait de François Ier,
portrait réalisé par Jean Clouet vers 1525.
Un chantier gigantesque
L’emplacement du château de Chambord est idéal pour la chasse, au cœur d’un désert marécageux entourée de forêt où le gibier abonde. En revanche, le terrain semble peu adapté à l’édification d’une construction de cette ampleur, et le site est fréquemment inondé par le Cosson, un affluent de la Loire. Pour supporter le château, les architectes vont implanter des pilots de chêne enfoncés jusqu’à 12 m de profondeur, afin d’établir des fondations solides.
François Ier fait travailler dès 1519 les maîtres maçons les plus expérimentés, ayant déjà œuvré sur d’autres châteaux royaux. C’est l’un des plus importants chantiers de la Renaissance. Des milliers de tonnes de pierres de tuffeau (pierre calcaire claire à grains fins, typique de la vallée de la Loire) arrivent par chariots depuis le port de Saint-Dyé. Le bois de charpente est coupé dans les forêts proches et l’ardoise des couvertures est extraite de carrières mais le plomb des étanchéités vient d’Angleterre. Au plus fort du chantier, 1800 ouvriers travaillent à Chambord.
L'inspiration italienne
La partie centrale du château de Chambord est le donjon, inspiré des concepts de la Renaissance italienne. Les quatre faces du bâtiment s’ouvrent sur de grandes salles de neuf mètres de large et 18 mètres de long formant une croix grecque.
La salle en croix détermine dans les angles des cantons d’habitations.
Enfin, au centre, se déploie le monumental escalier à double révolution. Les deux hélices sont imbriquées l'une dans l'autre. Une personne peut donc descendre et une autre monter sans se rencontrer. Mais un jeu d'ouvertures permet de s'apercevoir.
Escalier à double révolution
(Helac at fr.wikipedia, CC BY 1.0 )
source image : Domaine de Chambord
source image : Domaine de Chambord
source image : Domaine de Chambord
la biodiversité à Chambord (source : Domaine de Chambord)
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